Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La christité
La christité
  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 1 094 735
Archives
10 juillet 2016

Témoignage de fin de session sur le Notre Père

À la Pentecôte 1999 J-M Martin a animé une session ayant pour but de lire le Notre Père de façon johannique. Pour commencer il a lu saint Paul ! La transcription de la lecture de saint Paul figure sur le blog :  Rm 8, 15-27 : Prière et pneuma. La transcription d'une série de rencontres sur le Notre Père figure sur le blog : tag NOTRE PÈRE.

À la fin des trois jours de la session de Nevers un tour de table a eu lieu où chacun donnait des échos du week-end. Voici l'un de ces échos.

 

Témoignage de fin de session sur le Notre Père

 

Esprit Saint et prière, par O’Neill, carme► Jean-Marie, au terme de ces trois jours il y a au moins une chose avec laquelle je suis au clair : je ne sais pas ce que je dis quand je dis Notre Père. Vous m'avez laissé entendre qu'il y a un lieu en moi où ça se dit, qui est l'insu de moi-même. Il m'a été aussi donné à entendre que c'est l'Esprit qui gémit en moi devant le Père.

Alors je me trouve devant un ouvrage tracé pour des jours, des semaines, des années à venir, c'est de demander l'ouverture du cœur qui me donnera d'entendre dans sa juste tonalité « Tu es mon fils », et de me laisser introduire dans la posture du Fils tourné vers le Père pour apprendre de lui à dire « Notre Père ». Cela déloge complètement de la pratique de la prière, ça déconcerte, ça dérange, ça désinstalle, mais en même temps ça ouvre un espace pour lequel je ne trouve pas de mots pour le caractériser, il est immense, débordant, à la mesure de la démesure du cœur du Père.

Jean-Marie je voudrais vous remercier d'être un écoutant, un accomplissant de la volonté du Père, de cette volonté qui est que tout homme ait la vie, et vous remercier d'avoir capacité à nous déloger de nos fausses certitudes et cela sans crispation, car en même temps qu'on est délogé il y a un possible discours.

Vous nous introduisez dans cet espace de connaissance du Père qui a sa source dans les cieux et qui est diffusé jusqu'à nous et en nous. Alors merci.

 

J-M M : Il y a deux points que j'avais tenus dès le début à mettre en évidence et dont vous avez donné écho dans les premières phrases.

La concentration de la prière est un décentrement, c'est-à-dire que notre prière est portée par plus profond que nous vers plus haut que nous. C'est ce que nous avons lu dans le gémissement de l'Esprit et que nous n'avons pas suffisamment commenté, c'est ce que nous avons essayé de suggérer en disant que la prière est l'être christique lui-même.

L'être tourné vers Dieu sur la modalité de la prière c'est le Christ, ce n'est pas seulement ce qu'il fait mais c'est ce qu'il est, et notre Notre Père n'est qu'ayant place maintenant dans le Notre Père du Christ. Je suis content que vous en ayez fait état. Merci.

 

 

COMPLÉMENT :

La prière est l'être christique lui-même

Extrait des Éclats du Notre Père en saint Jean

 

Voici un extrait de ce que J-M Martin disait au début de l'étude du Notre Père à Saint-Bernard-de-Montparnasse :

Jn 17, Jésus prière« Il nous faudra voir comment on pourrait dire qu'à titre de posture et de connaissance, le Notre Père configure l'être christique. Le Notre Père est une posture, c'est une posture qui donne la configuration de l'être christique, celle du Christ lui-même et celle de la christité en chacun. Ceci pose d'ailleurs la question : quel rapport y a-t-il entre le Notre Père du Christ et le Notre Père des chrétiens ? Est-ce que le Christ dit le Notre Père ? Vous pouvez dire que non puisqu'il ne peut pas dire : « Pardonnez-moi mes péchés » ? Ah bon ! Il faudrait peut-être voir en quel sens il peut dire cette prière. Nous verrons que les demandes du Notre Père configurent l'attitude christique de l'homme. Et plus important encore sera de percevoir que ce ne sont pas deux choses différentes, mais qu'il n'y a de Notre Père authentique que de participer au Notre Père qu'est le Christ. Je ne dis pas que le Christ est le Notre Père, mais que c'est dans la prière du Notre Père que le Christ est substantiellement, c'est-à-dire qu'il est "tournure vers". »

 

Voici un extrait de ce que J-M Martin disait en commençant à lire le début de la grande prière du Christ qui se trouve en Jn 17 :

« “Jésus, levant les yeux au ciel, dit : "Père" ”. C'est Notre Père qui es aux cieux.”  Jésus s'adresse au Père : c'est le jet du regard, de la parole, le jet de la prière vers le Père. Nous avons dit que c'est ce que Jésus dit et que c'est aussi ce qu'il fait : « Je vais vers le Père »[1], et c'est aussi fondamentalement ce qu'il est puisque dès l'origine, il est le Logos tourné, la Parole adressée au Père[2]. Il est, il dit, il fait, il est le Notre Père substantiel. »

 

Pour pouvoir méditer ainsi il faut, entre autres, ne pas penser Père et Fils comme deux "personnes" en notre sens. Les penser en termes de relations le permet. Voir Penser la Trinité , surtout le 2° b) de la Première partie.

 



[1] « Je vais vers le Père » figure sept fois dans l'évangile de Jean. Par exemple : «Vous avez entendu que je vous ai dit : "Je m'en vais et je viens près de vous"- L'intelligence habituelle de ce verset est : je m'en vais, je vais mourir et puis je reviendrai, comme deux choses différentes. Or, il est dit ici au présent : "je m'en vais " et "je viens". C'est-à-dire que je viens d'autant plus que je m'en vais. -Si vous m'aimiez, vous vous seriez réjouis de ce que je vais vers le Père. Je vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi.» (Jn 14, 28)

[2] Allusion à Jn 1, 1 : «Dans l'arkhê était le Logos, et le Logos était vers Dieu, et le Logos était Dieu.»

 

Commentaires