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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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9 décembre 2015

1JEAN-Connaître-aimer. Présentation et introduction, table des matières de la transcription, fichiers à télécharger

En 2009 Jean-Marie Martin a animé une session d'une semaine sur la première lettre de Jean où les verbes "connaître" et "aimer" ont été plus particulièrement médités. Et comme le dit J-M Martin : « Nous aurons à la fois une familiarisation avec le texte tel qu'il est dans son propre dessein, dans son propre chemin, dans son articulation à lui, et puis des retours réflexifs qui se feront par une étude critique de notre écoute spontanée, de ce que notre langue nous permet d'entendre. »

J-M Martin propose donc ici une lecture profondément originale de la lettre de saint Jean, tout en donnant de nombreux repères philosophiques et théologiques.

 

 Première lettre de Jean - Connaître et aimer

 

Dans ce message figurent : Des fichiers de la transcription à télécharger., La liste des chapitres avec des liens,

Puis    I – Une présentation de la session et de la transcription par Christiane Marmèche et Colette Netzer.
           II – L'Introduction de Jean-Marie Martin en début de session.
           III – Le texte de la première lettre de Jean dans la traduction de la TOB.
           IV – La table des matières.

La totalité de la transcription est en fichiers pdf, docx et epub :

1Jn Connaître aimer par Jean-Marie MartinListe des chapitres (accessibles aussi par tag  1JEAN ) ;

 

 

 I – Présentation générale par Christiane Marmèche et Colette Netzer

 

L'Arc en Ciel, lieu de rencontre situé en Haute-Savoie, sur la commune de Saint-Jean-de-Sixt, est un de ces lieux qui ont le privilège d'accueillir Jean-Marie Martin et de partager son approche des textes du Nouveau Testament. Nous rappelons que, chercheur en théologie et philosophie, ancien professeur à l'Institut Catholique de Paris, il consacre sa retraite à l'étude et à la méditation de ces textes, en particulier les écrits de saint Jean et de saint Paul, mais aussi ceux des gnostiques des premiers siècles.

Les sessions de Saint-Jean-de-Sixt durent une semaine. Le matin est consacré à un exposé de Jean-Marie Martin. L'après-midi comprend un travail de groupe, travail repris en fin de journée au cours d'un échange. En septembre 2009, la session avait un thème :

« Connaître et aimer : le sens banal de ces deux verbes, pris à part ou dans leur rapport, suffit-il pour entendre ce qu'ils disent en saint Jean ? Nous tenterons d'accéder à la Nouveauté christique qu'ils sont voués à nommer dans sa première épître. »

La transcription de la session a d'abord été faite pour les proches de J-M Martin, elle a été reprise pour diffusion sur le blog, en particulier au niveau des notes.

Avant l'Introduction de J-M Martin nous avons inséré le texte de la première lettre de Jean et nous vous invitons à le lire pour, comme dit J-M Martin, prendre d'abord conscience de la distance du texte, y séjourner une première fois avant d'y revenir pour l'habiter de façon plus familière grâce à l'éclairage donné tout au long de la session.

En cours de session, à la suite d'une question, J-M Martin a parlé du tournant théologique qui s'est fait entre le IIe et le IVe siècle, ceci figure dans un autre message : Un tournant dans la façon de considérer les rapports du Père et du Fils.

Les pages qui suivent sont la transcription aussi fidèle que possible des interventions de Jean-Marie Martin, compte tenu des inévitables modifications qu'entraîne le passage de l'oral à l'écrit. Les titres, par exemple, sont ajoutés pour la clarté de la lecture. Un des problèmes non résolu est celui des majuscules mises à certains mots, il n'y a pas de règle générale ! Il faut nous excuser des erreurs que nous avons pu commettre et dont Jean-Marie Martin n'est évidemment pas responsable. Dans l'ensemble, nous avons suivi le déroulement de la session mais avons dû faire un choix dans les questions traitées par les groupes et les réponses apportées.

Certains retrouveront des questions déjà traitées en d'autres temps et en d'autres lieux. Comme le remarquait quelqu'un, ce n'est jamais inutile car ce n'est jamais pareil. Comme dit J-M Martin : « Il faut insister, moi je ne me lasse pas. Ça fait des fois que je relis, je ne récite jamais la même chose – enfin, presque jamais – parce que je veux à chaque fois faire un chemin aussi avec le groupe. C'est pour cette raison que je garde beaucoup de moments aléatoires. Un discours ou un cours sur saint Jean, ce serait autre chose. »

Quoi qu'il en soit, les pages qui suivent sont riches en aperçus philosophiques et théologiques, à tel point que nous avons réuni un certain nombre d'éléments d'information dans le premier chapitre (Préalables) qui pourront être utiles éventuellement pour éclairer certains passages. Mais surtout, nous vous invitons à découvrir une lecture très profondément originale de cette lettre de saint Jean.

 

II– Introduction de Jean-Marie Martin en début de session

 

Juste pour donner le ton, je lis une toute petite phrase qui est tirée d'un texte du IIe siècle, l'incipit de l'Évangile de la Vérité. C'est un texte gnostique. Les gnostiques sont les premiers lecteurs de Jean. Le mot gnostique peut-être ne vous dit pas grand-chose ou est affecté d'une connotation plutôt négative. Nous verrons que le mot a plusieurs sens et que ces gens sont assez différents de ce qu'on pense. Pour nous, en tout cas, il est intéressant quant à sa racine : gnosis, c'est le verbe gignôscô, connaître.

Ce texte a été trouvé dans la bibliothèque gnostique de Nag Hammadi, j'ai contribué un peu, modestement, à sa traduction il y a quelques décennies. Nous l'avons trouvé en copte, il a sans doute été écrit en grec. Aux Hautes Études, sous la conduite de Henri-Charles Puech, on tentait une rétroversion en grec de ce texte copte[1]. Voici l'incipit traduit en français :

« L'Évangile (c'est-à-dire la Belle Annonce) de la Vérité – le mot de vérité a son importance lorsqu'il s'agit de la connaissance – l'Évangile de la Vérité est joie pour ceux qui reçoivent la donation gracieuse (la grâce) du Père de la Vérité, qui consiste en ce qu'ils Le connaissent – là nous avons le verbe connaître : gnôsin auton – qu'ils Le connaissent dans la dynamis (la puissance) du Logos (de la Parole) venu de la Plénitude (du Plérôme) de Celui qui est dans la Pensée et l'Intelligence du Père, Celui qui est appelé Sauveur, puisque c'est le nom de l'œuvre (qui est de sauver), l'œuvre qu'il œuvre pour le salut de ceux qui ignoraient (a-gnô-ountôn) le Père. – Ensuite le texte est lacunaire mais aussitôt après, il reprend – L'Évangile est manifestation de l'espérance, découverte pour ceux qui Le cherchent. »

Je pense que vous apercevez la densité, la précision de tous les mots qui sont employés ici, et que vous avez un vague soupçon du fait qu'ils ne correspondent pas exactement à la signification usée que très souvent ces mots-là ont chez nous.

*  *   *

Ceci, c'était simplement pour donner le ton. En fait nous allons travailler sur la première lettre de Jean et en particulier sur les verbes connaître et aimer. Notre souci est bien sûr de traiter d'un sujet puisqu'il est annoncé comme tel, mais simultanément il est de nous familiariser encore plus dans la fréquentation de l'écriture de Jean. Il y aurait plusieurs façons de procéder et la première pourrait être celle d'une dissertation qui prend le mot connaissance, dit tout ce qu'il y a à dire sur connaissance chez Jean, ensuite le mot agapê (amour) et dit tout ce qu'il y a à dire, et ensuite étudie le rapport entre ces deux mots chez saint Jean. Nous n'allons pas procéder ainsi.

Nous allons procéder par approche, par chemin. Nous allons à la fois habiter et marcher, ce ne sont pas des choses contraires. Nous allons habiter le texte, habiter la parole. Combien de fois ai-je cité en exergue le mot de Jean qui se trouve au chapitre 8 verset 31 de son évangile : « Si vous demeurez (si vous habitez avec persistance) dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous commencez à connaître la vérité, et la vérité commence à vous libérer. ». Donc, habiter, à condition qu'on sache bien que demeurer n'est pas statique, que, habiter, c'est avoir la capacité d'entrer et de sortir : entrer dans le texte et en sortir. Cette capacité n'est pas simplement quelque chose qui nous serait loisible par mode de récréation, mais c'est une nécessité parce que nativement cette parole n'est pas le lieu que nous habitons. Et habiter, c'est toujours revenir au texte, ce qui est d'ailleurs le cas d'un domicile : je n'y reste pas, mais c'est ma référence, c'est mon lieu où je reviens.

Donc le rapport entre notre usage de la langue nativement et celui qui est à apprendre pour entendre le texte de cette habitation autre que notre habitation native, ce va-et-vient sera nécessaire. Parce qu'à vrai dire, déjà, nous n'habitons pas véritablement notre langue native. C'est peut-être la plus grave crise du logement qui existe : nous n'habitons pas notre langue, nous en usons de façon négligente et utilitaire. Nous sommes étrangers à notre propre langue d'une certaine façon. Et je vous assure qu'elle n'est pas notre domicile fixe.

Nous aurons à la fois une familiarisation avec le texte tel qu'il est dans son propre dessein, dans son propre chemin, dans son articulation à lui, et puis des retours réflexifs qui se feront par une étude critique de notre écoute spontanée, de ce que notre langue nous permet d'entendre. Nous aurons à prendre conscience de la distance entre ce qui est à entendre et qui nous apparaîtra progressivement, et ce que nous aurions pu croire entendre dès le début. Prendre conscience de cette distance, c'est là un chemin, c'est une marche.

Ce que nous allons apporter, ce ne sont pas des pierres définitivement ajustées qui contribueraient à édifier, ni des étages d'une construction, ce sont plutôt des étapes d'un chemin. Or chemin faisant, des choses aperçues se corrigent, les perspectives changent. Il faut avoir le sens d'une certaine approche provisoire qui est nécessaire pour que, bien qu'elle soit encore mal entendue, elle devienne mieux entendue. Le malentendu n'est pas quelque chose contre quoi il faut s'insurger, c'est notre premier mode d'entendre. Nous entendons mal, et tout chemin est d'entendre mieux.



[1] Henri-Charles Puech (1902-1983) a occupé la chaire d'histoire des religions du Collège de France de 1952 à 1972. Le travail sur l'Évangile de la Vérité a été publié par Jacques Ménard, chez Letouzey et Ané en 1962. L'incipit se trouve p.31 dans une traduction voisine de celle de J-M Martin. Voir aussi sur le blog Introduction de L'évangile de la vérité. Jésus, les sages et les enfants.

 

III –Texte de la première lettre de Jean

 

Chapitre 1. 1Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie 2car la vie s’est manifestée, et nous avons vu et nous rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était tournée vers le Père et s’est manifestée à nous –, 3ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. 4Et nous vous écrivons cela pour que notre joie soit complète.

5Et voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous dévoilons : Dieu est lumière, et de ténèbres, il n’y a pas trace en lui. 6Si nous disons : « Nous sommes en communion avec lui », tout en marchant dans les ténèbres, nous mentons et nous ne faisons pas la vérité. 7Mais si nous marchons dans la lumière comme lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. 8Si nous disons : « Nous n’avons pas de péché », nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. 9Si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. 10Si nous disons : « Nous ne sommes pas pécheurs », nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous.

Chapitre 2. 1Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu’un vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père, Jésus Christ, qui est juste ; 2car il est, lui, victime d’expiation pour nos péchés ; et pas seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. 3Et à ceci nous savons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements. 4Celui qui dit : « Je le connais », mais ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. 5Mais celui qui garde sa parole, en lui, vraiment, l’amour de Dieu est accompli ; à cela nous reconnaissons que nous sommes en lui. 6Celui qui prétend demeurer en lui, il faut qu’il marche lui-même dans la voie où lui a marché.

7Mes bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien, que vous avez depuis le commencement ; ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue. 8Néanmoins, c’est un commandement nouveau que je vous écris – cela est vrai en lui et en vous – puisque les ténèbres passent et que déjà luit la lumière véritable. 9Celui qui prétend être dans la lumière, tout en haïssant son frère, est toujours dans les ténèbres. 10Qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a rien en lui pour le faire trébucher. 11Mais qui hait son frère se trouve dans les ténèbres ; il marche dans les ténèbres et il ne sait pas où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.

12Je vous l’écris, mes petits-enfants : Vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom à lui, Jésus. 13Je vous l’écris, pères : Vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous l’écris, jeunes gens : Vous êtes vainqueurs du Mauvais. 14Je vous l’ai donc écrit, mes petits-enfants : Vous connaissez le Père. Je vous l’ai écrit, pères : Vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous l’ai écrit, jeunes gens : Vous êtes forts, et la parole de Dieu demeure en vous, et vous êtes vainqueurs du Mauvais.

15N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui, 16puisque tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et la confiance orgueilleuse dans les biens – ne provient pas du Père, mais provient du monde. 17Or le monde passe, lui et sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais. 18Mes petits enfants, c’est la dernière heure. Vous avez entendu annoncer qu’un antichrist vient ; or dès maintenant beaucoup d’antichrists sont là ; à quoi nous reconnaissons que c’est la dernière heure. 19C’est de chez nous qu’ils sont sortis, mais ils n’étaient pas des nôtres. S’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous. Mais il fallait que fût manifesté que tous, tant qu’ils sont, ils ne sont pas des nôtres. 20Quant à vous, vous possédez une onction, reçue du Saint, et tous, vous savez. 21Je ne vous ai pas écrit que vous ne savez pas la vérité, mais que vous la savez, et que rien de ce qui est mensonge ne provient de la vérité. 22Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Voilà l’antichrist, celui qui nie le Père et le Fils. 23Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; qui confesse le Fils a le Père, aussi. 24Pour vous, que le message entendu dès le commencement demeure en vous. S’il demeure en vous, le message entendu dès le commencement, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père ; 25et telle est la promesse que lui-même nous a faite, la vie éternelle. 26Voilà ce que j’ai tenu à vous écrire à propos de ceux qui cherchent à vous égarer. 27Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne sur tout – et elle est véridique et elle ne ment pas –, puisqu’elle vous a enseignés, vous demeurez en lui. 28Ainsi donc, mes petits-enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons pleine assurance et ne soyons pas remplis de honte, loin de lui, à son avènement. 29Puisque vous savez qu’il est juste, reconnaissez que quiconque pratique lui aussi la justice est né de lui.

Chapitre 3. 1Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu ; et nous le sommes ! Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : il n’a pas découvert Dieu. 2Mes bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est. 3Et quiconque fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui est pur. 4Quiconque commet le péché commet aussi l’iniquité ; car le péché, c’est l’iniquité. 5Mais vous savez que lui a paru pour enlever les péchés ; et il n’y a pas de péché en lui. 6Quiconque demeure en lui ne pèche plus. Quiconque pèche ne le voit ni ne le connaît. 7Mes petits enfants, que nul ne vous égare. Qui pratique la justice est juste, comme lui est juste. 8Qui commet le péché est du diable, parce que depuis l’origine le diable est pécheur. Voici pourquoi a paru le Fils de Dieu : pour détruire les œuvres du diable. 9Quiconque est né de Dieu ne commet plus le péché, parce que sa semence demeure en lui ; et il ne peut plus pécher, parce qu’il est né de Dieu. 10A ceci se révèlent les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu, ni celui qui n’aime pas son frère.

11Car tel est le message que vous avez entendu dès le commencement : que nous nous aimions les uns les autres. 12Non comme Caïn : étant du Mauvais, il égorgea son frère. Et pourquoi l’égorgea-t-il ? Ses œuvres étaient mauvaises, tandis que celles de son frère étaient justes. 13Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. 14Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort dans la vie, puisque nous aimons nos frères. Qui n’aime pas demeure dans la mort. 15Quiconque hait son frère est un meurtrier. Et, vous le savez, aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. 16C’est à ceci que désormais nous connaissons l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. 17Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? 18Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité ; 19à cela nous reconnaîtrons que nous sommes de la vérité, et devant lui nous apaiserons notre cœur, 20car, si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il discerne tout. 21Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous nous adressons à Dieu avec assurance ; 22et quoi que nous demandions, nous l’obtenons de lui, parce que nous gardons ses commandements et faisons ce qui lui agrée. 23Et voici son commandement : adhérer avec foi à son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres, comme il nous en a donné le commandement. 24Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. Par là nous reconnaissons qu’il demeure en nous, grâce à l’Esprit dont il nous a fait don.

Chapitre 4. 1Mes bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour voir s’ils sont de Dieu ; car beaucoup de prophètes de mensonge se sont répandus dans le monde. 2A ceci vous reconnaissez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu, 3et tout esprit qui divise Jésus n’est pas de Dieu ; c’est l’esprit de l’antichrist, dont vous avez entendu annoncer qu’il vient, et dès maintenant il est dans le monde. 4Vous, mes petits-enfants, qui êtes de Dieu, vous êtes vainqueurs de ces prophètes-là, parce que celui qui est au milieu de vous est plus grand que celui qui est dans le monde. 5Eux, ils sont du monde ; aussi parlent-ils le langage du monde, et le monde les écoute. 6Nous, nous sommes de Dieu. Celui qui s’ouvre à la connaissance de Dieu nous écoute. Celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas. C’est à cela que nous reconnaissons l’Esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur.

7Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. 8Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. 9Voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. 10Voici ce qu’est l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés. 11Mes bien-aimés, si Dieu nous a aimés ainsi, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. 12Dieu, nul ne l’a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour, en nous, est accompli. 13A ceci nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous : il nous a donné de son Esprit. 14Et nous, nous témoignons, pour l’avoir contemplé, que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. 15Quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. 16Et nous, nous connaissons, pour y avoir cru, l’amour que Dieu manifeste au milieu de nous. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. 17En ceci, l’amour, parmi nous, est accompli, que nous avons pleine assurance pour le jour du jugement, parce que, tel il est, lui, tels nous sommes, nous aussi, dans ce monde. 18De crainte, il n’y en a pas dans l’amour ; mais le parfait amour jette dehors la crainte, car la crainte implique un châtiment ; et celui qui craint n’est pas accompli dans l’amour. 19Nous, nous aimons, parce que lui, le premier, nous a aimés. 20Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu, qu’il ne voit pas. 21Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère.

Chapitre 5. 1Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu ; et quiconque aime Dieu, qui engendre, aime aussi celui qui est né de Dieu. 2A ceci nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu, si nous aimons Dieu et mettons en pratique ses commandements. 3Car voici ce qu’est l’amour de Dieu : que nous gardions ses commandements. Et ses commandements ne sont pas un fardeau, 4puisque tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi. 5Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? 6C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus Christ, non avec l’eau seulement, mais avec l’eau et le sang ; et c’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité. 7C’est qu’ils sont trois à rendre témoignage, 8l’Esprit, l’eau et le sang, et ces trois convergent dans l’unique témoignage : 9si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car tel est le témoignage de Dieu : il a rendu témoignage en faveur de son Fils. 10Qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même. Qui ne croit pas Dieu fait de lui un menteur, puisqu’il n’a pas foi dans le témoignage que Dieu a rendu en faveur de son Fils. 11Et voici ce témoignage : Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. 12Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie.

13Je vous ai écrit tout cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui avez la foi au nom du Fils de Dieu. 14Et voici l’assurance que nous avons devant lui : si nous lui demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. 15Et sachant qu’il nous écoute quoi que nous lui demandions, nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé.

16Si quelqu’un voit son frère commettre un péché, un péché qui ne conduit pas à la mort, qu’il prie, et Dieu lui donnera la vie, si vraiment le péché commis ne conduit pas à la mort. Il existe un péché qui conduit à la mort : ce n’est pas à propos de celui-là que je dis de prier ; 17toute iniquité est péché ; mais tout péché ne conduit pas à la mort. 18Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche plus, mais l’Engendré de Dieu le garde, et le Mauvais n’a pas prise sur lui. 19Nous savons que nous sommes de Dieu, mais le monde tout entier gît sous l’empire du Mauvais. 20Nous savons que le Fils de Dieu est venu et nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable. Et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus Christ. Lui est le Véritable, il est Dieu et la vie éternelle. 21Mes petits enfants, gardez-vous des idoles.

 

IV –Table des matières de la transcription

 

Chapitre I – Préalables

           1°)  Quelques repères
                   a) Connaître et savoir. L'insu
                   b) Voilé/dévoilé. Manifestation
                   c) Le comprendre stoïcien. Prendre au sens positif
                   d) Entendre un mot
                   e) L'espace de l'écriture johannique
                   f) Le diabolos
                   g) Le don
                   h) La falsification. La thèse de Paul
                   i) Les premiers verbes de la Genèse
          2°) Quelques notions philosophiques
                  a) Le sensible et l'intelligible
                  b) Le cognitif et l'affectif
                  c) Entendre
                  d) Les 4 causes
                  e) La mathêsis ; l'histoire

 Chapitre II – Étude préliminaire de 1 Jean 1, 1-7

           1°) Aperçu du vocabulaire fondamental
                   a) Verbes de la sensorialité
                    b) Les lieux de sensorialité de l'évangile de Jean
                    c) Quelques dénominations de Jésus
            2°) Première lecture de 1 Jn 1, 1-7
            3°) Références pour le sang sacrificiel
                    a) Le double témoignage au Baptême de Jésus
                    b) La notion de sacré

Chapitre III – Lecture commentée de 1 Jean 1

            1°) Reprise du verset 1 : les dénominations du Plérôme
                    a) Les "je suis…" ; Arkhê, Fils…
                    b) La fragmentation du Nom ; le Plérôme
                    c) Arkhê, plénitude des dénominations
                    d) Le découlement de Logos et Vie
            2°) Reprise des versets 2-7
                    a) Versets 2-3. L'annonce
                    b) Verset 4. La joie pleinement accomplie
                    c) Verset 5. Recueil de l'annonce
                    d) Verset 6.Vérité et falsification
                    e) Verset 7. L'espace de lumière ; le sang qui purifie
           3°) Versets 8-10. Le thème du péché

Chapitre IVLecture commentée de 1 Jean 2, 1-11

           1°) Versets 1-2 : le pneuma
                    a) Verset 1
                    b) Symbolique du pneuma (de la rouah)
                    c) Le pneuma pensé dans la répartition cognitif / volitif
                    d) Verset 2
           2°) Versets 3-6
                    a) « Nous connaissons que nous l'avons connu » (v. 6a)
                    b) « Nous gardons ses dispositions » (v. 6b) n'est pas un critère
                    c) Verset 5 : émergence du mot agapê
                    d) Verset 5b-6
          3°) Versets 7-8
                    a) Le rapport des 2 espaces, leur rapport au précepte
                    b) En quoi la "disposition" est-elle ancienne et nouvelle ?                     
          4°) Versets 9-11. Haïr / aimer

Chapitre V – Les mots amour et aimer dans le NT et en Occident

          1°) Foi, espérance et amour (agapê) en 1 Co 13, 4-13
          2°) Petite méditation sur le verbe aimer
                 a) Comment le verbe aimer a-t-il été pensé en philosophie ?
                 b) Comment penser le verbe aimer dans l'Évangile ?
                 c) Nécessité d'une autre anthropologie : d'où penser le mot "corps" ?
         3°) Autres questions
                 a) L'expression "mourir pour" à partir de Jn 10, 17-18
                 b) L'imitation du Christ
                 c) Comparaison épître de Jacques / épîtres de Paul

Chapitre VILecture commentée de 1 Jean 2, 12-29

         1°) Lecture des versets 12-17
                a) Filiation et levée du péché
                b) Verbes et substantifs
                c) Désir et volonté
                d) Rapports avec le stoïcisme
         2°) Lecture des versets 18-29
                a) Première lecture des versets 18-27
                b) Les grandes articulations du texte
                c) Lecture commentée des versets 18-29

Chapitre VIILecture commentée de 1 Jean 3                                       

          Réponse à une question sur le diable
        1°) Verset 1.          
                   Connaître est une affaire du profond de l'être
        2°) Verset 2. Le même connaît le même                                                        
                 Suggestions de réflexion
        3°) Versets 3-4.      
                a) Lecture des versets
                b) A propos du péché
        4°) Versets 5-10.
                a) Versets 5-8
                b) Semence du diable et semence de christité                                     
        5°) Versets 11-12   
                a) Verset 11. Une proclamation décisive
                b) Verset 12. La figure archétypique de Caïn
                c) L'approche évangélique de la Genèse
         6°) Versets 13-24   

Chapitre VIIILecture commentée de 1 Jean 4                                              

        Enluminures initiales
        1°) Versets 1-6. Le thème de l'Esprit et des autres esprits
        2°) Versets 7-10. Le thème de l'agapê comme événement
        3°) Versets 11-21 : Développement sur le thème de l'agapê

Chapitre IX – Questions sur 1 Jean 4

              1– Toute-Puissance de Dieu ?
               2 – Le langage sacrificiel
               3 – Pardonner ?
               4 – Penser l'ad-versaire, le Satan
               5 – Chrétienté – christianisme – christité

Chapitre X Lecture commentée de 1 Jean 5                                            

        1°) Versets 1-4
        2°) Versets 5-7. Eau-sang-pneuma,
        3°) Versets 9-12 Le thème du témoignage
        4°) Versets 13-15. Un ensemble cohérent sur la prière
        5°) Versets 16-18. Le péché qui mène à la mort
        6°) Versets 19-21. Curieuse fin de l'épître                                                      

Derniers échos

 

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