Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La christité
La christité
  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 1 093 433
Archives
3 septembre 2017

JE CHRISTIQUE. Ch VII. Jn 15, 1-18 : parabole de la vigne et des sarments ; discours de Jésus

En 2001-2002, dans le cadre des soirées de l'Arbre à Saint-Bernard de Montparnasse, Jean-Marie Martin a fait une étude du "Je christique" – c'est-à-dire le "Je" de la dimension ressuscitée de Jésus – en se référant à saint Jean, à saint Paul et aux premiers lecteurs de l'évangile de Jean que sont les gnostiques valentiniens.

Au chapitre précdent J-M martin a introduit le thème de l'Un et des multiples déchirés en l'illustrant avec la parabole de la vigne et des sarments, il reprend ici le texte et commente les versets suivnts qui font une large place au thème de l'agapê (amour, charité…), occasion de présenter la structure musicale des chapitres 14-16 avec le quadruple thème (agapê, garde le la parole, prière, don du pneuma).

 

Chapitre VII

 

Lecture suivie de Jn 15, 1-17

 

 

 

I – Jn 15, 1-8 : parabole de la vigne

1) Verset 1. « Je suis la vigne… »

 La dernière fois nous avons fait une lecture d'humeur, nous prenons maintenant ce texte dans une lecture suivie.

« 1Je suis la vigne, la vraie, et mon Père est le vigneron ». Nous avons là justement un exemple des Je suis.

● La relation vigne-vigneron.

Mon Père est le vigneronLa relation au Père est énoncée. Rien n'en est dit de particulier dans cette première phrase. On pourrait même être gêné dans notre imaginaire puisque ceux-là que nous avons l'habitude d'appeler deux personnes de la Sainte Trinité, voilà que l'un a la figure du vigneron et l'autre la figure d'une vigne. Et quand notre imaginaire n'est pas heureux, c'est intéressant, parce qu'il y a quelque chose à entendre. Nous ne pouvons pas nous contenter ici d'une sorte de comparaison, qui ne ferait que flatter et encourager ce que nous savons déjà.

La distance qui va se révéler finalement sera la distance du soignant et du soigné : le vigneron soigne sa vigne. La notion de soin est première dans l'Évangile, et quand nous aurons appris que le soin se dit agapê, nous aurons compris comment Jésus peut dire dans le cours de ce chapitre : « le Père m'aime et j'aime le Père ».

● Le symbolisme biblique de la vigne.

Nous avons dit des choses au sujet de la vigne en nous invitant à resituer ce terme dans un symbolisme qui est un des plus archaïques, le symbolisme végétal dont on connaît bien des occurrences sous des formes diverses dans nos Écritures. Ce qui sera développé ici sera quelque chose comme l'arborescence, c'est-à-dire quelque chose qui nous amènera à parler, précisément, du rapport d'une unité et des multiples.

Il ne faudrait pas oublier que la vigne, dans l'Ancien Testament, désigne le peuple d'Israël. Ainsi Isaïe : « la vigne de YHWH Sabaot c'est la maison d'Israël » (Is 5, 7). Jésus dit ici quelque chose comme : « je suis le peuple d'Israël ». Ce "Je" est l'unité même d'Israël. Il ne faudrait pas penser par exemple que Jésus serait une partie, ou le cep pris à part. Il est l'arborescence tout entière.

● Le Je christique comme l'Israël de Dieu au sens de la totalité de l'humanité.

Par comparaison, ceci peut nous aider à entendre « Tu es mon fils », le "tu" initial qui ouvre l'Évangile lors du Baptême de Jésus, le "tu" qui donne que Jésus pourra dire "je". Le fils de Dieu, dans le monde vétéro-testamentaire, c'est le peuple d'Israël. Les premiers chrétiens ne s'y sont pas trompés et ils ont compris que cette parole était une salutation adressée, à partir de l'insu, à la totalité de l'humanité.

Le "Je" christique n'est pas un "je" en plus des autres. Il est l'un et la totalité, il est l'unité unifiante de la totalité. Sans doute Jésus, dans le recensement, fut un homme en plus des autres. C'est d'ailleurs curieux qu'il naisse dans un recensement, c'est-à-dire qu'on le compte. Mais Jésus ne ressuscite pas comme un en plus. Sa résurrection, c'est la même chose que sa mort : mourant, il n'est plus un en plus ; et ressuscitant il ne ressuscite pas comme un en plus, mais comme l'unité unifiante.

Je dis quelquefois mais cela ne plaît pas toujours, que Jésus n'est pas ressuscité juif – c'est pourtant le b.a.ba de Paul – mais j'ajoute : il est ressuscité comme l'Israël de Dieu, et Israël ici est à entendre de la nouvelle dimension où Israël ne désigne plus un peuple mais la totalité de l'humanité. J'ai employé tout à l'heure le mot Israël : il fallait l'entendre au sens où Paul dit que nous sommes « l'Israël de Dieu » (d'après Galates 6, 16).

J'ai dit que le Je christique était celui de l'Israël de Dieu au sens où Paul emploie cette expression. Les sociologues ont repéré des choses de ce genre dans certaines cultures. Ils emploient le terme de personnalité collective. Cela pourrait être intéressant d'utiliser ce terme, mais à condition de mesurer combien cela met en pièces et notre idée de personne, et notre idée de collectif ou de totalité, sinon, cette expression risque d'être prononcée pour désigner une façon de penser étrange, qui est de toute façon intenable, révolue, qui relève d'une mentalité primitive.

Un autre mot est parfois employé dans ce sens, c'est éponyme[1] : un nom éponyme désigne à la fois un prince et le peuple : par exemple Israël est le deuxième nom de Jacob, et c'est aussi le nom d'un peuple.

Cependant, il est vrai que, dans la tâche que nous avons d'entendre « Je suis la vigne », nous sommes provoqués à remettre en question, d'une part, notre idée d'indivisible-individu, c'est le même mot, et d'autre part, notre idée de collectivité par mode additionnel.

Nous sommes donc reconduits à notre question mais nous avons trouvé des mots pour dire notre chemin. En effet il n'y a pas de mot dans le vocabulaire usuel pour dire cela véritablement et immédiatement, sans recul et sans effort de pensée. L'Évangile est tel qu'une goutte d'Évangile tombant sur notre culture ne peut que créer en elle le pire désordre. Tout se défait, se défait pour se refaire.

● La "vraie" vigne.

« Je suis la vigne, la vraie. » Jean emploie les deux adjectifs alêthês et parfois alêthinos, et je n'ai jamais pu discerner la différence. Cet adjectif est un mot qui dit le caractère vrai. Vrai doit s'entendre par opposition à quelque chose.

Il se pourrait, parce qu'il y a des traces de cela dans l'évangile, que le vrai dise quelque chose comme le réel par opposition à l'ombre, et que la vigne de l'Ancien Testament soit l'ombre de la vérité nouvelle en Christ c'est-à-dire l'ombre des choses à venir. Cet usage est fréquent dans la lecture que le Nouveau Testament fait de l'Ancien.

Mais ceci n'est peut-être pas suffisant et je pense aussi que chez Jean alêthês est le plus souvent opposé à pseudos, à la falsification. Nous savons que pour Jean nous sommes dans une falsification native et que nous ne résidons pas, nous ne demeurons pas dans la vérité. Le mot de vérité prend donc, chez lui, le sens d'une désignation du royaume, c'est-à-dire de l'âge qui vient, de l'âge et de l'espace christique qui vient, dans lequel nous sommes invités à demeurer.

● Les deux régions et l'appartenance aux deux.

Nous disons souvent que pneuma, vérité, royaume, désignent la même chose, c'est-à-dire l'aïôn, l'espace-temps, l'âge qui est en train de venir, alors que ce qu'il appelle le monde, au sens de l'espace régi par le meurtre, la falsification, est en train de partir. C'est aussi ce qu'il appelle le rapport de la lumière et de la ténèbre. On est enfant de lumière ou enfant de tènèbre. On appartient à l'une ou à l'autre région[2].

Je répète une bonne fois pour toutes : on appartient ne signifie pas que certains appartiennent exclusivement à une région et certains exclusivement à une autre région. La vie humaine, telle que nous la vivons, est justement ce rapport conflictuel de la lumière et de la ténèbre en quiconque. Ce sont là les deux semences – le terme semence qui se réfère à la symbolique végétale est très important – qui disent la qualité d'espace, puisque le fruit est selon la semence. Nous allons retrouver le rapport de l'arbre dans son espèce (dans son génos propre) au fruit qu'il porte. Par ailleurs c'est au fruit qu'on connaît l'arbre, autre thème qui se trouve chez Jean.

● Retour au Je christique. Jésus "vrai" homme ?

Jésus emploie souvent dans ses "Je suis" le mot de vérité, ici : "la vigne vraie". Il dit par exemple « Je suis le pain vrai » et ceci est à rebours de notre mode d'entendre. En effet le vrai, le propre, s'oppose chez nous au métaphorique, et dans notre langage il faudrait dire que Jésus est vigne dans un sens métaphorique. Là c'est l'inverse ! Les conditions d'intelligibilité pour qu'il y ait quelque chose comme du pain en notre sens c'est "Je", le Je christique.

La question est alors de savoir si Jésus était "véritablement un homme". Le mot véritablement fait le lien ici et le mot nouveau que j'apporte est le mot homme. Homme est une des dénominations de Jésus puisque, parlant de lui, il dit : "le Fils de l'homme". Le Fils de l'homme ne désigne pas, comme nous le croyons faussement, la part humaine dans l'incarnation humaine d'une divinité, selon l'opinion classique, Fils de l'homme désigne la divinité de Jésus.

Fils de signifie la manifestation, la venue à fruit de ce qui est en semence. Et l'homme en question ici, c'est Adam du chapitre premier de la Genèse[3] : « Faisons Adam comme notre image », comme notre fils. Donc, le sens vrai, authentique, de humanité, est d'être une dénomination de Dieu, déjà. Or ce n'est pas la question que l'Occident a posée à l'Évangile. Il n'est jamais entré dans cette perspective, même pas au second siècle, puisque l'une des premières questions a été de savoir non pas si Jésus était Dieu, mais si Jésus était véritablement homme, c'est-à-dire s'il n'était pas un semblant d'homme comme l'affirmaient certains. Cette hérésie, le docétisme, a été récusée en affirmant que Jésus était véritablement un homme.

 Seulement, quand on dit que Jésus est véritablement un homme, on dit quelque chose de juste, de correct par rapport à la question posée, mais on n'est pas dans la question de l'Évangile. Car l'Évangile n'a pas du tout pour but de nous dire que Jésus est un homme comme nous. Il est justement l'homme que nous ne sommes pas, c'est-à-dire l'homme vrai.  Tout le problème est dû au fait que chez nous, depuis Aristote, la vérité dit l'adéquation entre une proposition et la réalité.

Plus tard, la question se posera de savoir s'il était Dieu, mais pas avant la fin du IIIe, début du IVe siècle. On lit dans le Prologue de Jean : « Dans l'arkhê était le logos et le logos était tourné vers Dieu et le logos était Dieu ». Cela ne fait de difficulté à personne ! Et pourquoi tout d'un coup, au IVe siècle, se pose-t-on la question : le Logos est-il Dieu ? Quelque chose s'est passé entre-temps pour que la question devienne nécessaire dans le développement de la pensée occidentale chrétienne.

Il s'est passé que toute la pensée est désormais régie par l'opposition de l'incréé et du créé, chose qui n'est pas du tout régnante dans le Nouveau Testament. La question est donc : Ce Logos est-il incréé – mais il ne peut pas y avoir deux incréés – ou bien est-il la première grande créature qui s'est incarnée dans l'homme Jésus ? C'est Arius, contre qui le concile de Nicée a procédé pour dire qu'il est véritablement Dieu : « Vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père (consubstantiel au Père) ». Les traces du concile de Nicée sont, nous le savons, dans le symbole qu'on appelle de Nicée-Constantinople[4], qui est chanté ou récité parfois dans les offices.

Ce préalable était nécessaire pour bien situer le premier verset de notre texte.

Je suis la vigne, Solomon Raj2) Verset 2. Les sarments.

 «2Tout sarment (klêma) en moi qui ne porte pas fruit, il l'enlève
     et tout ce qui porte fruit, il l'émonde pour qu'il porte plus de fruit. »

● Le thème de l'un et des multiples.

Nous avons ici le thème des klêmata (des sarments) par rapport à la vigne. Cette symbolique d'une unité et d'un pluriel se trouve chez Jean sous une forme constante qui mérite d'être repérée. Il y a par exemple

  • « Jésus devait mourir pour la nation, 52mais non pour la nation seulement, mais en sorte que les enfants de Dieu dispersés (déchirés) il les rassemble pour être un » (Jn 11, 51-52) : le Monogénês et les enfants déchirés ((tekna ta dieskorpisména)  où tekna est un neutre pluriel.
  • C'est aussi la différence entre le pain du « Je suis le pain » et les klasmata (les fragments) qui restent qu'il faut ramasser (Jn 6).
  • c'est encore l'unité du troupeau (ou du pasteur) et des probata (des brebis)  qui est aussi un neutre pluriel (Jn 10) : c'est là que nous trouvons le thème de la dispersion et de la déchirure.

Dans notre texte, nous avons le thème de la vigne (ampélos) et des sarments (klêmata). Nous ne perdons pas de vue ce que nous avons dit, à savoir que les sarments ne sont pas nécessairement  quelque chose en plus de la vigne mais c'est quelque chose de la vigne, quelque chose du Je christique. Jésus va nous dire : « Je suis la vigne, vous êtes les klêmata (les sarments) ». Ceci pose la question de l'intelligence de ce "Je" et de ce "vous", dont pour l'instant nous ne déterminons pas l'ampleur, mais nous pouvons penser que cela désigne l'humanité dans son ensemble.

● Les deux types de sarments et le risque de perversion d'interprétation.

Or il y a deux situations par rapport à ces klêmata : il y a ceux qui ne portent pas de fruit et ceux qui portent du fruit.

1. Ceux qui ne portent pas de fruit sont retranchés, mais dans la lecture d'une parabole, le sens intérieur régit la lecture des éléments du discours : ne pas porter de fruit en étant dans le Christ signifie qu'on est "apparemment" dans le Christ, et ces klêmata sont retranchés, sont enlevés, parce qu'en fait ils n'ont jamais été véritablement dans le Christ. Ce sont des semblants de klêmata. Ceci est imposé par la lecture des deux semences.

2. « Et tout klêma qui porte du fruit, il l'émonde pour qu'il porte plus de fruit. » Il s'agit ici de l'émondage du Jechristique. Cet émondage c'est la passion et la mort du Christ.

Donc en aucune façon n'abordez ce texte en disant : il y a des gens qui sont du bois mort et il y en a d'autres qui ont besoin de souffrir pour porter du fruit. Ce n'est pas le sens ! Il faut entendre qu'en chacun il y a ce qui est pour le fruit ultime et il y a de l'irrécupérable.

► Ce que je trouve de plus mystérieux ce n'est pas la distinction des deux types de sarments, mais ce qui arrive à celui qui porte du fruit : on l'émonde pour qu'il y ait plus.

J-M M : Un sarment qui est christique porte du fruit mais le propre du christique, le propre de l'âge messianique – et christos signifie messie –  c'est l'abondance et la surabondance. C'est surtout chez Paul qu'on trouve cela et ça le rend parfois verbeux parce que son discours abonde de même que le thème de son discours est l'abondance même.

Cette abondance signifie que le rapport à Dieu n'est pas un rapport ric-rac, un rapport juste. La justice de Dieu, c'est qu'il y en ait plus. Autrement dit c'est le dévoilement de ce que la véritable justice n'est pas l'exactitude, mais qu'elle est de l'ordre de la donation, de la donation gratuite : kharis (la grâce) chez Paul, ou le verbe donner chez Jean. C'est le présupposé fondamental de l'annonce évangélique.

L'abondance a ce sens-là, vous en trouverez de nombreux exemples. Ainsi à Cana il y a une abondance invraisemblable de vin. C'est dans la tradition apocalyptique que de décrire la donation gratuite comme abondance. Paul emploie même l'expression de surabondance et aussi d'abondance hyperbolique.

3) Verset 3. La parole qui purifie.

Jean 15, il l'émonde« 3Déjà vous êtes émondés à cause de la parole que je vous ai dite».

Le mot "émondé" (katharos) se trouve chez Jean au chapitre 13 où en général on le traduit par "purifié". Il est traduit ici par émondé parce qu'il est en rapport avec le thème de l'arbre dont on coupe des branches, des sarments. Le contexte du chapitre 13 où on le traduit par purifié (ou pur) est celui du lavement des pieds :« celui qui a reçu le bain n'a pas besoin d'être lavé, sinon les pieds, mais il est pur (katharos) tout entier  et vous, vous êtes purs (katharoï)… » (v. 10).

Ici on a : « vous êtes émondés à cause de la parole que je vous ai dite ». En effet, ce qui constitue la christité, le "Je" christique, le Je du « Je suis la vigne », est sa mort-résurrection. Ce qui fait que je suis dans le Christ, c'est d'entendre la parole qui dit « Jésus est mort et ressuscité ». Tout rapport à Jésus a son premier moment dans l'écoute de cette annonce.

4) Versets 4-6. "Demeurer dans" ou "être jeté dehors".

« 4Demeurez en moi et moi en vous. » Le verbe demeurer apparaît ici. Demeurer dans est un verbe majeur chez Jean : c'est un des noms de la proximité. Les verbes connaître, aimer, demeurer, sont des modalités pour dire la proximité.

Demeurez en moiLa proximité constitue l'unité qui est à penser comme une unité qui ne réduit pas de façon inerte ce qui est ainsi unifié. La véritable unité creuse le deux, mais d'une façon telle qu'il ne soit pas un deux qui, à un certain niveau, fasse nombre. C'est-à-dire que, dans la mêmeté, il y a de l'autre, il y a de l'altérité. Le problème n'est pas entre la mêmeté et l'altérité, mais c'est celui de la mauvaise altérité et de la bonne altérité. Il y a une bonne façon d'être deux et une mauvaise façon d'être deux, il y a même une infinité de façons d'être deux.

Ce verbe demeurer comme nous l'avons vu, va être dix fois dans ces six versets. Il surgit ici et il va rester le verbe dominant qui donne la note pour les six versets qui viennent. 

« Demeurez en moi et moi en vous » :cette proximité est mutuelle. L'être dans n'est pas à comprendre comme un emboîtement, car celui-ci n'est pas réversible. C'est une des façons de dire la plus haute proximité. 

On pourrait s'interroger sur la qualité de parole de l'impératif : « demeurez en moi ». C'est un impératif non impérieux…. je veux dire : ce n'est pas un impératif de législation. N'oublions jamais cela. Cette parole est une parole donnante, mais elle est donnante au moment où elle donne c'est-à-dire quand il est donné de l'entendre.

« Demeurez en moi et moi en vous », s'explique d'abord ainsi : « de même que le sarment ne peut porter fruit de par lui-même de par son identité particulière ou singulière – s'il ne demeure  pas dans la vigne – le fruit qui est en question ici ne peut être porté à partir de son "je"singulier, il ne peut porter fruit que s'il demeure dans la vigne – ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi. »

Ici c'est une invitation à ne pas penser l'homme comme autosuffisant mais comme étant toujours déjà posé dans une unité unifiante. Très souvent on dit que le christianisme du XIXe siècle était un christianisme plutôt individuel avec le souci de l'âme personnelle, et que contre cela il y a eu l'avènement d'un christianisme social. Mais le débat n'est pas entre les deux. Ce n'est pas ou bien singulier ou bien social, mais c'est d'autant plus l'un que l'autre, ou bien d'autant moins l'un que l'autre. En plus ce n'est jamais singulier au sens psychologique et ce n'est jamais social au sens courant du terme social. Par exemple ce n'est pas une critique de l'égoïsme par opposition à l'altruisme mais c'est une critique de l'égoïté, c'est-à-dire de la compréhension ontologique ce que veut dire "je". L'Évangile ouvre une dimension insoupçonnée à l'homme, c'est la révélation de ce que nous ne savons pas de nous-mêmes.

« 5Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-ci porte beaucoup de fruit, puisqu'en dehors de moi vous ne pouvez rien faire. » Le faire qui est essentiel, celui qui a sens et dont il est question ici, est de porter du fruit – nous ne savons rien encore de ce fruit, le texte va nous le dire – ce faire ne peut être le produit d'une identité singulière.  C'est Jésus qui porte le fruit à travers ses sarments, à travers nous.

► Comment ceux qui ne sont pas chrétiens peuvent-ils entendre cette phrase : « en dehors de moi vous ne pouvez rien faire » ?

J-M M : Il faut bien voir que le nom n'est pas l'énonciation verbale. Les Anciens distinguent très bien le visible et l'invisible du Nom. Ceci pour éclairer une difficulté concernant la nécessité de professer la foi. On passe par le nom de Jésus, mais pas le nom articulé[5].

 « 6Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors.» Jeter dehors (balleïn exô) est l'expression utilisée pour désigner le jugement, cette krisis, ce discernement ultime dont Jésus dit : « C'est maintenant le jugement (krisis) de ce monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors » (Jn 12, 31). La krisis réside en ceci que la semence du meurtre et de la falsification est jetée dehors. Le diabolos (le disperseur) est jeté dehors.

Il est jeté dehors. Au début de l'évangile de Jean : « Hors de lui, rien – le rien, c'est la ténèbre – Ce qui fut 4en lui était vie, et la vie était la lumière des hommes, 5la lumière luit dans la ténèbre ». C'est cette ténèbre extérieure, cette façon redoublée de dire une extériorité négative qui est un autre nom du meurtre, c'est cela qui est jeté dehors. C'est même essentiellement cette semence qui est jetée dehors.

Le tri du jugement« Et le sarment se dessèche ; et on les rassemble et on les jette dans le feu, et ils brûlent. » Il est très intéressant de voir le mot "on les rassemble". En effet c'est le même verbe, sunageïn, que dans le verset 52 du chapitre 11, mais il est pris dans un sens inverse : en Jn 11, 52 c'est pour que « les enfants de Dieu soient rassemblés pour être un », mais ici ils sont rassemblés dans l'extériorité, le n'être pas. Le feu est un autre nom de ce qui était la ténèbre ou le rien dont nous avons déjà parlé.

► Est-ce qu'il y a un rapport entre ce qui est dit ici et la mort-résurrection du Christ dont vous avez dit que d'en entendre l'annonce nous transformait ?

J-M M : Le chiffre de toutes nos destinées humaines est d'être à la fois semence de diabolos (du prince de la mort) et semence de christité, inégalement bien sûr, et ça correspond ici aux deux types de sarments. Le conflit, car il y a en fait un conflit, c'est le conflit en quiconque du christique et du mortel. Ceci est très lié à la question porteuse de l'Évangile qui est la question “qui règne ?” c'est-à-dire : sous le régime de quoi je suis, quelle est la qualité de l'espace dans lequel je vis ? Je suis dans un espace de servitude (être asservi à mourir et à donner la mort, à exclure), ou bien je vis dans un espace de lumière et de vie. D'où l'importance de comprendre que le conflit n'est pas entre ceux qui sont exclus et ceux qui portent du fruit, mais qu'il est entre le prince de la vie et le prince de la mort. Ce combat a eu lieu et le prince de la mort a été jeté dehors, l'exclusion a été exclue, la mort est morte. La victoire est acquise dans son principe et cependant toute la vie continue à être un combat. En effet cette situation-là est celle de toute l'histoire humaine, elle n'a pas eu lieu un beau jour à partir duquel tout commencerait, c'est le chiffre de chaque instant.

Et c'est pour cela qu'indirectement cela parle de moi quand je dis : « Jésus est mort et ressuscité ». Les questions les plus urgentes dans la foi, on a l'air de les dire dans un langage de "il" : il est arrivé quelque chose à quelqu'un un jour. Mais le "il" de « il est mort et ressuscité » est plus intime à moi-même que les "je" que je prononce toute la journée.

5) Verset 7. Le thème de la prière exaucée.

« 7Si vous demeurez en moi et que mes paroles (rhêmata) demeurent en vous Il est le Logos, et il dit des paroles. Demeurer en lui c'est garder ses paroles, et nous verrons au verset 9 le verbe aimer avec la précision « Demeurez dans mon agapê » Les verbes demeurer, garder, et aimer ne disent pas des choses différentes, ce sont des dénominations de la proximité. Le mot proximité est un mot important pour résumer ces verbes – ainsi qu’un autre mot de Jean, recevoir – car il est à la base de l'intelligence de ce que veut dire le prochain, le proche. Dieu est notre plus proche prochain.

Ce qui est dit ici sera repris ensuite dans les versets 9 et suivants. Nous voyons poindre un ensemble qui n'est pas dit de façon hasardeuse puisqu'il est répété à plusieurs reprises sous cette forme. Donc nous avons une structure de lecture qu'il faut retenir.

Ce que vous voulez, vous le demandez et cela sera pour vous». Voilà une chose étrange. Qu'est-ce que ce théleïn (ce vouloir) vient faire ici ? Le thélêma est le nom de la semence, nous l'avons vu en Rm 7 et en Ep 1, et également chez saint Jean. Et nous savons que nous avons deux thélêmata, deux semences, nous avons vu cela en particulier en Rm 7 (le "je qui veut" et le "je qui fait")[6]. Nous allons voir un autre mot, celui de "disposition". Or si votre semence propre (votre disposition fondamentale constitutive) est selon la disposition du Dieu, vous demanderez et vous recevrez. Cela signifie que la prière est quelque chose du côté de la fructification.

Il y a plusieurs choses qui s'enchâssent les unes dans les autres, enchâssements qui ne nous sont pas du tout familiers et dont il faut s'approcher de l'extérieur. Voyons d'abord le rapport du vouloir et du demander : le vouloir est la semence et le demander est le commencement de la croissance.

Il est intéressant justement de regarder comment intervient la question de la demande chez Jean. On a un processus qui est constant lorsqu'on entend la parole[7] :

  • La parole est énigmatique, et la première chose qu'elle suscite c'est le trouble.
  • La deuxième chose, c'est la zêtêsis (la recherche) : se mettre en mouvement de recherche.
  • La troisième, c'est la recherche qui se formule : érôtaô (je demande).
  • Enfin la question posée est accomplie quand elle se tourne en prière, car elle est une attestation de ce qu'elle est exaucée, à la mesure où demander c'est attester que je suis dans l'espace du don. Et je n'ai rien d'autre à demander que d'être dans l'espace du don. C'est pour cela que rendre grâce ou demander, c'est tout un ! L'un n'est pas au-dessus de l'autre. C'est dans les deux cas prendre conscience que ce que je suis relève du don. Il s'agit ici de demander comme il faut, et Paul nous dit que nous ne savons pas prier comme il faut (Rm 8, 26), mais c'est autre chose.
6) Verset 8. La gloire du Père : l'homme accompli.

« 8En ceci a été glorifié mon Père, que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples. » Porter beaucoup de fruit c'est glorifier le Père c'est-à-dire constituer la gloire du Père. Cette gloire n'est rien d'autre que l'homme fructifiant, l'homme accompli. En effet le fruit consiste en l'accomplissement de mon avoir-à-être, et porter du fruit c'est m'accomplir, c'est accomplir ce qui est disposé pour moi, ce pour quoi je suis libre, je suis libéré. "Être libre pour" c'est le sens authentique de la liberté chez Jean.

Ceci constitue la gloire c'est-à-dire la présence. Ce mot désigne la résurrection, c'est un mot repère du Nouveau Testament. La gloire dit le visible, le venir et le donner à voir du Père invisible, de l'insu. La gloire, c'est l'humanité dans son unité christique.

● Le thème de la glorification en Jn 17, 1.

Ce thème de glorifier se trouve au début du chapitre 17, où nous avons affaire d'abord à la relation de "tu" et de "je" dans une prière. Car l'invocation dit « Tu… » : « Levant les yeux vers le ciel il dit : “Père glorifie ton Fils – c'est la demande de résurrection – ce qui est que le Fils te glorifie” » (Jn 17, 1). La résurrection est que le Père soit glorifié dans le Fils. Cela veut dire que révéler le Fils comme Fils, c'est révéler ce qui est révélable du Père.

Il n'y a pas de Fils sans Père, mais le Père ne montre pas autre chose, il est tout entier dans l'accomplissement du Fils. Il n'est pas autre chose au plan du nom qui nomme ou de la figure qui se voit : « Philippe, qui me voit, voit le Père » (Jn 14, 9). Le Père est cependant autre, sous le rapport pour nous de la vection, de la portée, c'est-à-dire que nous sommes portés, tirés : « Personne ne peut venir vers moi si le Père qui m'a envoyé ne le tire » (Jn 6, 44). Le Père a pour fonction de tirer vers le Fils. Et cette portée est l'essence de la prière qui est toujours prière à l'insu. Père signifie insu, cieux signifient insu : « Notre Père qui es aux cieux…»,

● L'accomplissement de l'humanité : porter beaucoup de fruit.

Le fruit de la vigne « Père glorifie ton Fils ce qui est que le Fils te glorifie selon que tu lui as donné d'être l'accomplissement de la totalité de l'humanité ». Pâques, ce n'est pas la satisfaction que nous éprouvons de la résurrection singulière de Jésus. Pâques, c'est que semence de résurrection soit en nous. Donc la demande de glorification est la demande  que l'humanité s'accomplisse, et s'accomplisse en portant du fruit, car « 8En ceci a été glorifié mon Père… ».

Nous avons là un thème qui se dit de deux ou trois manières qui nous intéressent, puisqu'elles visent cette même réalité qui est l'unique "Je" de résurrection en quoi « nous sommes tenus », autre expressionpour dire « tu lui as donné la totalité dans les mains ».

Et nous retrouvons ce que nous avons développé à bien des reprises : il n'est jamais question de Jésus singulièrement, mais dans un double rapport : rapport au Père et rapport à la totalité de l'humanité. Penser Jésus comme un individu en plus, parmi d'autres, c'est ne pas le penser dans sa dimension de résurrection, c'est-à-dire dans le mode sur lequel il se donne à voir à l'œil de la foi et qui donne sens au mot Dieu.

● Le thème du nom.

Nous avons une prière équivalente au « glorifie ton Fils » (Jn 17, 1), qui est : « Père glorifie ton nom » (Jn 12, 28). Le nom, c'est le Fils.

Je relisais, dans un petit texte du début du IIe siècle, l'Évangile de la vérité qui n'est pas un évangile canonique, un long développement sur le nom[8].

Nous savons déjà que le nom, en hébreu, ne désigne pas ce qu'il désigne dans nos langues. Il dit quelque chose comme l'identité essentielle de l'être. Très curieusement, il dit le plus propre car les Anciens distinguent le kyrion onoma (le nom propre) et les appellations. Autrement dit il y a le Nom, qui est un nom insu en son profond, et les appellations, qui sont justement les « je suis ». Nous avons vu cette situation importante dans la fragmentation du Nom, autre mode sur lequel est pensé le rapport de l'un et des multiples.

● Le Plérôme des dénominations[9]. La région de la parole.

Ce qui se joue ici ce n'est plus simplement le rapport du "Je" christique au "Tu", tel que nous l'avons vu dans la prière, il ne suffit plus simplement de penser Jésus en direction du Père. Le "Je suis" désigne la région de la résurrection qui est l'Aïôn, qui est la plénitude, mot du pneuma, qui est le pneuma dans sa totalité, le pneuma qui descend, qui "demeure sur" et dont la fonction est d'oindre, d'imprégner. Christos signifie imprégné de pneuma. Et ce nom donne lieu au fractionnement que sont les multiples "je suis" dont l'ensemble constitue le Plérôme : la plénitude du pneuma.

Ainsi quand Jean dit : « Dans l'arkhê était la parole », la Parole (le Logos) est une des premières dénominations qui indiquent le lieu foncier et premier. Et la parole ici dit l'essence intime des choses et des êtres. Il n'y a pas une opposition entre la parole et le réel au sens où nous l'employons. Cette région de la parole est la région du plus réel. Du reste, être enduit d'Esprit, c'est aussi être enduit de connaissance, inondé de connaissance.

Les différents fragments du Nom qui sont les différentes dénominations (l'Arkhê, le Logos, la Vérité, la Vie…) constituent l'apparition d'un premier multiple dont la totalité est appelée Aïôn. Rappelez-vous que, lors de notre étude du temps, nous avons distingué le cosmos au sens de ce monde-ci, et le monde qui vient (l'aïôn, l'âge qui vient). Ces fragmentations du Nom sont appelées au IIe siècle des aïônés (des éons). Ils sont aussi ce que Jésus appelle des logoï (des paroles), ou des rhêmata : « les paroles que je vous ai dites », ou des entolaï (des dispositions) traduites à tort par "commandements", des dispositions dévoilées de notre être.

Nous pouvons maintenant reprendre le verset 7 : «Si vous demeurez en moi et que mes paroles (rhêmata) demeurent en vous…» : notre être le plus profond consiste donc à être gardien d'une parole qui nous constitue.

● Le thème du disciple.

Reprenons la fin du verset 8 : «et que vous deveniez mes disciples ». Ce mot de disciple, qui n'est prononcé qu'une seule fois dans ce chapitre, est au cœur du débat et c'est quasiment le mot essentiel. Nous savons déjà que le nouveau mode d'être c'est entendre au sens fort du terme, or le disciple c'est essentiellement celui entend. Dans les versets 12-17 le rapport du maître et du disciple sera précisé sans que ces mots soient prononcés. Donc ce mot de disciple émerge ici comme un mot en creux qui ne va pas être répété, mais c'est lui néanmoins qui dans son silence nourrit la suite du texte.

On est d'ailleurs fondé à souligner le terme de disciple chez Jean dans la mesure où une des grandes figures est celle du "disciple que Jésus aimait". Cela ne signifie pas qu'il y ait une particulière amitié entre deux individus, mais ça signifie que c'est le disciple par excellence, c'est-à-dire l'écoutant par excellence, et le quatrième évangile est l'évangile du disciple.

II – Jn 15, 9-17 : discours de Jésus

1) Versets 9-10.  Le développement du thème de l'agapê.
a) Lecture des versets.

Les deux versets qui arrivent maintenant sont vraiment extraordinaires. « 9Selon que le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon agapê. 10Si vous gardez mes dispositions, vous demeurez dans mon agapê – voilà que surgit le mot agapê, mot qui n'a pas encore été prononcé mais qui vient ici dans un ensemble : demeurer dans l'agapê, c'est garder les dispositions. Ce thème a été énoncé dès le chapitre 14 et il sera repris et médité constamment : « Si vous m'aimez, vous garderez mes dispositions et moi je prierai le Père et il vous donnera un autre paraclet » (Jn 14, 15-16). 

…Comme moi j'ai gardé les dispositions du Père et je demeure dans son agapê.» Autrement dit le rapport de nous à Jésus et le rapport de Jésus à son Père est le même. Deux choses sont précisées qui concernent la mort-résurrection :

  • « J'ai gardé les dispositions du Père » :c'est la mort christique, l'heureuse mort christique.
  • « Et je demeure dans son agapê »: on peut mettre ceci en rapport avec« Tu es mon Fils bien-aimé », c'est la résurrection.
b) Détour par le quadruple thème de Jn 14, 15-16.

Le verset 14 comporte les thèmes de la garde des dispositions et de l'agapê. C'est l'occasion pour nous d'évoquer le quadruple thème énoncé dès le chapitre 14.

Ce quadruple thème est tel que les quatre éléments disent la même chose de façon diverse. Par ailleurs le développement des chapitres 15 et 16 est constitué de variations sur ce quadruple thème : comme il arrive dans des variations musicales, ce peut être un des quatre éléments qui donne lieu à un développement, mais les autres sont aussi notés sans être développés. Ils ne se quittent pas les uns les autres, même quand l'un d'eux seulement est développé. J'attire votre attention sur ce point car il faut se demander comment sont écrits ces textes : Jean a une curieuse écriture qui n'est pas structurée selon notre logique.

On trouve donc pour la première fois ce quadruple thème en Jn 14, 15-16 :

  • « Si vous m'aimez » : premier thème.
  • « Vous garderez mes  dispositions » : deuxième thème.
  • « Et je prierai le Père » : troisième thème.
  • « Il vous enverra un autre paraclet (le pneuma) » : quatrième thème.

Regardons ces quatre thèmes apparemment disparates, mais qui ne le sont pas. Je ne reviendrai pas sur la lecture critique faite à plusieurs reprises, qui nous invite à ne pas entendre ceci sur le mode du calcul stratégique le conditionnel (si… alors…).

Comme le texte n'est pas du grec classique, mais un décalque d'une écriture de type hébraïque, il faut entendre que ce quadruple thème n'est pas articulé selon notre mode, ce qui donne : avoir agapê (aimer) c'est la même chose que garder la disposition enjointe, c'est la même chose que la prière, et c'est la même chose que recevoir le pneuma (l'Esprit).

Cet énoncé des versets 15-16 est précédé par du trouble. En effet, le chapitre 14 commence par : « 1Que votre cœur ne se trouble pas. » ce trouble étant provoqué par l'annonce d'une absence : « Je m'en vais, et là où je vais vous ne pouvez venir » (d'après Jn 13, 33). Et la réponse de Jésus se concentre dans l'énoncé de ce quadruple thème. La question qui se posait aux disciples était : quoi de l'absence et de la présence ? La réponse est : c'est l'absence qui est la présence même. Les modalités, les noms de cette présence authentique et non plus de la courte présence que les disciples avaient avec Jésus, c'est : l'agapê, l'écoute de la parole (la garde de la parole), la prière, le don de l'Esprit.[10]

c) Le thème de l'agapê.
● L'agapê et la mort-résurrection.

Nous avons dit bien souvent que, si le mot le plus central de l'Évangile est le mot résurrection, il est central comme un point aveugle à partir de quoi tout le reste prend place et sens. Or le mot agapê peut se substituer au mot résurrection. Nous l'avions évoqué à partir de la première lettre de Jean, chapitre 3 : « Car c'est ceci, l'annonce (angélion)  que vous avez entendue dès l'arkhê – comme principe même – que vous ayez agapê les uns pour les autres ». Tout le monde sait que l'Évangile dit :« Aimez-vous les uns les autres », tout le monde sait que Jésus est mort et ressuscité. Seulement ces paroles ne sont comprises que dans la mesure où résurrection et agapê disent la même chose.

Puisque résurrection et agapê disent le même, ce qui est visé par le mot de résurrection est quelque chose qui est la transgression de la limite qui est la mort, et simultanément le dépassement de la limite qui est le meurtre. Le mot meurtre ici n'est pas l'indication, entre autres, d'un manquement à l'égard de l'agapê. Par exemple le mot haine est un autre mot chez Jean pour dire la même chose que le meurtre, cependant le mot de meurtre est très important parce qu'il ouvre à la symbolique du sang. Ceci est une autre question, celle de la différence entre le sang versé qui est la vie prise aux autres, et le sang  donné : « Ceci est mon sang versé pour…» La différence de la prise et de la donation joue radicalement.

Nous avons vu cela à propos du mode de mourir : mourir d'une mort subie ou d'une vie donnée. Encore une fois nous pouvons percevoir l'enjeu considérable de mourir en donnant sa vie, mais nous ne pouvons pas nous targuer d'y être. Il ne faudrait peut-être même pas viser de le faire, car ceci n'est pas de notre propre, ceci est précisément du "Je" christique. Et il ne le fait pas à notre place, comme un individu à la place d'un autre individu. Il accomplit cette christité unifiante dans le tréfonds de l'humanité, d'où l'importance du rapport entre l'un et les multiples.

● L'agapê comme événement.

Ce mot, agapê, demande donc à être dévoilé, explicité d'où la nécessité que la même chose soit nommée par les trois autres abords, qui se trouvent dans le quadruple thème.

Nous l'avons déjà dit : l'agapê n'est pas un sentiment ou un commandement au sens strict ou une vertu. L'agapê est un événement : Dieu nous aime. L'agapê ne consiste pas en ce que nous aimerions Dieu, mais comme dit Jean « nous aimons de ce que lui le premier nous a aimés » (1 Jn 4, 19).

Autrement dit, il n'y a pas d'un côté un récit anecdotique qui parlerait de la mort du Christ et un récit de type éthique qui parlerait de l'amour et des différents vices. C'est radicalement la même chose.

Et cela ne nous étonne pas que ce soit un avènement depuis que nous avons bien mis en évidence que venir est un mot qui dit Dieu lui-même en lui-même ! Venir, advenir, avènement ou événement, tout cela se tient. Tout notre usage habituel des mots a besoin d'être remué.

● Développement de l'agapê dans le quadruple thème.

Nous avons vu[11] que le quadruple thème énoncé en Jn 14, 15-16 s'énonce ainsi : avoir agapê (aimer) c'est la même chose que garder les dispositions, c'est la même chose que prier le Père, et c'est la même chose que recevoir le don du pneuma (de l'Esprit). Reprenons cela.

Premièrement avoir agapê (aimer) c'est la même chose que garder des dispositions. Cette garde, c'est celle de la parole, des noms, des dénominations, la garde de ce qui révèle notre identité profonde, la garde de notre chemin ouvert, de ce à quoi nous sommes appelés, klêsis (appel) chez Paul, cela appartient au même moment. Avoir agapê c'est donc de garder la parole – le Christ est Logos – et garder les paroles qu'il dit qui sont le déploiement de la Parole qu'il est.

Deuxièmement, ceci est la même chose que prier : « et je prierai le Père ». Les paroles du Christ sont ne sont pas entendues seulement dans une connotation affective mais dans un espace de vection, de portée qui est celui de la prière. C'est-à-dire que ces paroles ne sont entendues que si elles le sont comme donation de moi-même à moi-même, donc comme demande qui est recevoir : « vous demandez et ce sera ».

– Le premier développement de l'agapê, c'est donc entendre la Parole : il s'agit du Christ.

– il s'agit d'entendre la Parole mais on n'entend qu'à la mesure où l'on est tiré par le Père, où l'on est dans cette vection qui est la vection de prière : on prie le Père, un point c'est tout.

– enfin prier le Père est la même chose que recevoir le don du pneuma (de l'Esprit).

Nous avons là : Père, Fils, Esprit, qui sont trois désignations de l'indicible agapê, comme de l'indicible résurrection.

Ce sont là des repères. J'ai déjà dit des choses à ce sujet et je vous promets de les redire, parce qu'à chaque fois il faut que nous nous laissions réintroduire dans cela qui ne sera jamais de notre possession pleinement acquise.

d) Le quadruple thème dans Jn 15, 7-10 et 26.

Nous retrouvons cette même structure dans le chapitre 15.

« 7Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous thème de la garde de la parole ce que vous voulez vous le demandez et cela sera pour vous – thème de la prière En ceci sera glorifié…» L'agapê vient un verset plus loin: « 9Selon que mon Père m'a aimé» Mais le pneuma, lui, reste en suspens jusqu'à ce qu'il revienne au verset 26 : « Quand viendra le paraclet (le pneuma)… », et il prendra le devant du verset 26 au verset 11 du chapitre 16 où les autres thèmes seront rappelés, mais c'est le quatrième thème (le don du pneuma) qui sera le conducteur du passage.

e) Dévoilement en Christ et dévoilement dans les multiples.

Les versets 9 et 10 du chapitre 15 présentent un autre aspect remarquable et très étonnant sur lequel nous demanderons des précisions au chapitre17. Il y a une relation entre d'une part le rapport du Christ au Père qui consiste en l'agapê ou en le recueil de la disposition du Père pour le Fils, et d'autre part notre agapê et notre garde de la disposition : de même que… ainsi.

Je relis le verset 9 : « De même que le Père m'a aimé moi aussi je vous ai aimé, demeurez dans mon agapê – et ensuite, l'équivalent – Si vous gardez mes dispositions, vous demeurez dans mon agapê – cela nous le savons ; mais ensuite – de même que moi j'ai gardé les dispositions du Père – c'est-à-dire : j'ai accompli l'œuvre pour laquelle j'ai été envoyé  – et je demeure dans son agapê. »

Je précise que ce n'est pas : « je l'ai fait, faites-le », ce serait rester dans le champ du commandement ou de la loi, alors qu'il s'agit du dévoilement plénier en Christ de ce qui est dévoilement multiple dans les multiples. Entre les deux se trouvent à la fois de la distance et de l'identité.

● Montée du Christ vers le Père, descente du Pneuma.

C'est la question de la temporalité, et on peut se référer ici à ce que Jésus dit à Marie-Madeleine : « Je ne suis pas encore monté vers le Père » (Jn 20, 17). Or :

– Monter vers le Père est la même chose que prier le Père (« Levant les yeux vers le ciel il dit “Père” »), c'est cette question de vection : « Je vais vers le Père »

– Et aller vers le Père, c'est venir vers nous : « Il vous est bon que je m'en aille, sinon le pneuma ne vient pas » (d'après Jn 16, 7), c'est-à-dire je ne viens pas dans ma dimension de Ressuscité, de pneuma. Autrement dit, qu'il s'en aille vers le Père instaure le mouvement par lequel le Père vient vers nous par le pneuma.  Monter et descendre, c'est la même chose.

Ceci est ouvert de façon très énigmatique à la fin du chapitre 1er où est évoquée l'échelle de Jacob, cette dimension verticale du ciel à la terre, échelle de Jacob qui est assimilée à Jésus, le Fils de l'homme, c'est-à-dire l'homme manifesté en plénitude, sur lequel les anges montent et descendent. Les anges (les messagers), ce sont  les logoï, ce sont les dénominations, les noms, les messages et les messagers. Ils montent et descendent, ils montent d'autant plus qu'ils descendent et descendent d'autant plus qu'ils montent. Ce n'est pas tantôt et tantôt. On n'a pas en français de mot pour dire le mouvement vertical sans préciser si c'est monter ou descendre, il y a ça en allemand où c'est le même verbe avec un préverbe différent suivant qu'on monte ou qu'on descend.

C'est ici une question de point de vue, c'est-à-dire de point d'où voir, du point à partir de quoi on voit. Du point de vue de la plénitude tout est recueilli dans une certaine simultanéité, mais du point de vue de ce qui n'est pas cette unité, c'est-à-dire du point de vue des multiples, cela se fractionne, et aussi se fractionne selon le temps. Or il y a des points du multiple qui se tempèrent, par exemple les crépuscules du matin et du soir sont des points où le jour et la nuit se tempèrent, et il y a des points du multiple qui ne peuvent se tempérer et qui sont nécessairement successifs.

       « Ce qui ne peut se tempérer l'éternité le temporise. »

Autrement dit, ça ouvre une nouvelle dimension d'espace qui est l'espace de la mémoire. Et qu'est-ce qui tient ensemble des contraires non compatibles simultanément ? C'est la mémoire. Et la mémoire est dans une matière infiniment plus fine et plus ténue que ce que nous appelons couramment matière.

La mémoire n'est du reste pas égale pour tous. Il y a un petit texte que Heidegger cite à la fin du Principe de raison, c'est une lettre de Mozart assez longue. Mozart raconte que quand il a écrit une symphonie, il peut en entendre simultanément par la mémoire tout le détail[12], chose impossible puisque les sons s'effacent et se remplacent.

● Pleinement ressuscité et pas encore.

Ce que je cherchais à dire c'est que Jésus est pleinement ressuscité, et que cependant, aussitôt après la résurrection, il dit : « Je ne suis pas encore monté vers le Père –c'est-à-dire que,d'un certainpoint de vue, la résurrection n'est pas accomplie pleinement tant que toute l'humanité n'est pas  re-suscitée – mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père – c'est la vection dont nous parlions tout à l'heure – qui est désormais votre Père, mon Dieu, qui est désormais votre Dieu » (Jn 20, 17). D'une certaine façon, la dimension de résurrection, elle est de toujours.

Des gnostiques du IIe siècle disaient : « Ceux qui disent que le Seigneur est mort d’abord puis qu’il est ressuscité sont dans l’erreur, car il est ressuscité d’abord, et il est mort. Si quelqu'un n'acquiert pas d'abord la résurrection il ne mourra pas » (Évangile de Philippe, sentence 21).

En effet, la dimension essentielle du Christ, c'est son mode de mourir dans la dimension de résurrection, c'est sa dimension de Fils de l'homme, c'est-à-dire la manifestation de « Faisons l'homme à notre image » qui signifie « Faisons le Christ ressuscité ». C'est Adam de Gn 1, pas de Gn 2-3.

semaille et moisson, pleurs et joie, Benn, 150 psaumes2) Verset 11. Le thème de la joie.

« 11Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit pleinement accomplie. » On a ici le thème de la joie.

En Jn 14, 15-16 nous avons déterminé quatre thèmes fondamentaux qui régissent les chapitres 14-16, et le thème de la joie est plutôt la tonalité affective qui accompagne l'ensemble.

La joie gère le trouble initial dont parle Jésus : « Que votre cœur ne se trouble pas » (Jn 14, 1), elle est mentionnée à la fin du chapitre 14, elle est dite ici en passant, et elle sera traitée en Jn 16,16-22.

3) Verset 12-14. L'agapê. Est-ce un commandement ?

 « 12C'est ceci ma disposition, que vous ayez agapê les uns pour les autres selon que je vous ai aimés. L'agapê est donc une disposition (entolê) et il faut refuser de parler de commandement. La parole de Dieu n'est pas une parole qui dit : « tu dois », c'est une parole qui donne que je fasse. Le don est l'essence de l'espace de l'Évangile, espace qui n'est ni un espace de prise violente, ni un espace de droit et de devoir[13]. Or le mot de commandement s'entend chez nous dans un espace de droit ou de devoir. Le mot disposition est à entendre comme la donation de notre avoir-à-être, comme ce qui détermine notre être. L'agapê est donc la détermination fondamentale de l'avoir-à-être de l'homme.

Lors de la lecture des versets 9-10 j'ai déjà précisé  que ce n'est pas : « je l'ai fait, faites-le », ce qui serait rester dans le champ du commandement ou de la loi, alors que le dévoilement plénier en Christ est tout simplement le dévoilement multiple dans les multiples avec une certaine distance.

Le « selon que je vous ai aimés » est commenté : « 13Personne n'a plus grande agapê que de poser sa psychê pour ses amis. » L'agapê c'est se déposer, verbe qui remplace souvent le verbe "donner" chez Jean.

« Pour ses amis » : ici nous passons du thème du disciple au thème de l'ami. Jésus parle de façon identique d'agapê et d'amis (philoï) deux mots de racines différentes, c'est pourquoi je ne crois pas qu'il y ait de différence décisive de sens entre phileïn et agapân.

 « 14Vous êtes mes amis si vous faites ce pour quoi je vous ai disposés. » Un verset comme celui-ci nous interdit d'employer le mot de précepte ou de commandement pour le mot entolê que je traduis toujours par disposition. Car la question ici est de « faire les choses que j'ai disposées pour vous ». Ce n'est pas : « tu dois faire », mais : « il t'est donné d'avoir à faire et en plus il t'est donné de faire ». En effet le don ne fait pas qu'ouvrir un possible, mais il est le don de l'effectivement faire qui est la seule liberté et qui n'a rien à voir avec notre idée de liberté. Ce que nous avons dans l'esprit à propos de liberté ne tient pas une seconde à l'examen, puisqu'on est d'autant plus libre que cela est donné, qu'il nous est donné de faire. « Le Dieu donne le vouloir et le faire » (Ph 2, 13).

4) Versets 16-17. Le passage de serviteur à ami.

J'ai dit tout à l'heure qu'on verrait le thème du disciple sans que le mot soit prononcé, mais en étant prononcé d'une autre manière.

« 15Je ne vous appelle plus serviteurs en effet, il est de la tâche traditionnelle du disciple, donc du talmid par rapport au rabbi, d'être à son service. Le disciple est traditionnellement celui qui écoute, qui accompagne et aussi celui qui sert le maître. Or : "Je ne vous appelle plus serviteurs…", voici que quelque chose de la notion même de disciple se précise puisque le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ». La différence entre le serviteur et l'ami est que le maître donne ordre au serviteur de faire et il fait, tandis qu'à l'ami, on donne disposition.

« Je vous ai appelés amis parce que tout ce que j'ai entendu auprès du Père, je vous l'ai fait connaître ». La donation des dispositions (des paroles) est la donation de lui-même, puisqu'il est l'accomplissement même de la disposition dans sa totalité. Donner, dans l'Évangile, c'est ultimement se donner.

Ne rêvons pas : se donner est proprement christique, au sens où il l'explique : « J'ai capacité de poser ma psychê et capacité de la recevoir en retour  » (d'après Jn 10, 18). C'est une donation de l'ordre de la respiration, c'est une perte qui est de l'ordre de ce qui procure la capacité même de recevoir, car si j'étais plein je ne pourrais pas recevoir à nouveau. Ce n'est donc pas le romantisme du don !  Pas du tout !

Donner est, dans son essence, se donner. Se donner, c'est se recevoir. Et je ne peux me garder qu'à la mesure où je me perds, où je me donne, autre thème évangélique.

L'intérêt de ce que nous faisons ici est que des mots assez bizarres, étranges, incroyables, dispersés, se rassemblent tout d'un coup dans une unité d'une extrême simplicité. Nous apercevons cette dimension, progressivement !

« 16Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis – je dis souvent que le premier mode de connaître, c'est d'être connu et de n'en savoir rien, la même chose étant vraie à propos du verbe aimer, et c'est ce qui est dit ici à propos du verbe choisir – et je vous ai placés pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure  – l'expression "porterdu fruit" nous ramène à la parabole de la vigne, il faut voir les accrochages – en sorte que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.Voilà à nouveau un petit rappel de la prière parce que nous ne pouvons rien faire que cela ne nous soit donné ; et si c'est donné, ça se demande –17Ce que j'ai disposé pour vous, c'est de vous aimer les uns les autres. »

5) Le thème du pneuma (Jn 15, 26sq).

Laissons de côté le passage suivant (v. 18-25) qui traite de la situation de persécution dans laquelle se trouvent les disciples quand ce texte est écrit, persécution mise en rapport avec la persécution que le Christ a subie. Prenons le verset 26.

« 26Quand viendra le paraclet que je vous enverrai d'auprès du Père, le pneuma de la vérité qui procède du Père... » Donc le quatrième thème, celui du pneuma, intervient deux fois dans le chapitre 14, une seule fois ici dans le chapitre 15, et deux fois à nouveau dans le chapitre 16.

Nous avons quelque peu avancé dans l'intelligence de la question du Je.

 



[1] L'adjectif éponyme est emprunté du grec epônumos (qui donne son nom).

[3] Il y a deux Adam, celui de Gn 1 et celui de Gn 2-3. On trouve cela par exemple dans la lecture de 1 Cor 15, 45 (ch III, 1 b). Voir aussi Les deux Adam : Christ de Gn 1 / Adam de Gn 2-3 ; Relecture de Image et ressemblance de Gn 1, 26 d'après Ph 2, 1Cor 15, Rm 5.

[4] Il s'agit du Credo, il a été étudié dans la session sur Credo et joie (tag CREDO). J-M Martin propose une autre approche : Penser la Trinité.

[5] Cf. dans la série de rencontres sur la Prière en saint Jean la 15ème rencontre : L'appartenance essentielle ; Le Nom de Jésus : le visible et l'invisible du Nom .

[6] Voir  le II du chapitre IV.

[9] Pour le Plérôme des dénominations voir le I du chapitre V.

[11] Au b).

[12] « Même s'il s'agit d'un long morceau […] je l'embrasse tout entier d'un seul coup d'œil dans mon esprit, pas comme cela vient quand c'est joué, [c'est-à-dire] dans l'ordre de la succession. Au contraire j'entends pour ainsi dire à égalité tout ensemble en imagination. » (Mozart cité par Heidegger dans le Principe de raison)

[13] Le fait que c'est le don et pas la violence, la loi ou le devoir est traité au II 1 du chapitre VIII à propos de Jean 10. Voir aussi Comment entendre le mot "commandement" dans le NT ? Exemples chez saint Jean.

 

Commentaires