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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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18 décembre 2014

La symbolique ciel-terre en Jn 1-3 et à la nativité (Lc 2), rapport avec la symbolique masculin-féminin (à partir de Jn 2)

Pourquoi ciel et terre sont-ils très présents dans le Nouveau Testament ? Comment entendre la symbolique ciel-terre qui ne nous dit pas grand'chose ?

Jean-Marie Martin nous initie à ce langage symbolique de la Bible où le mot symbole n'a pas le sens que nous lui donnons. On trouvera ici en première partie un parcours rapide dans les chapitres 1 et 3 de l'évangile de Jean, en deuxième partie un court passage de la nativité, en troisième partie le rapport entre la symbolique ciel-terre et la symbolique époux-épouse à partir d'une réflexion sur le Noces de Cana.

PLAN

  • I – La symbolique ciel-terre au Baptême (Jn 1 et 3)
  • II – Ciel-terre et homme lors de la naissance de Jésus en Lc 2
  • III – Ciel-terre et masculin-féminin à partir des Noces de Cana

 

La symbolique ciel-terre en Jn 1 et 3

Et à la nativité (Lc 2)

 

Introduction[1].

Tout le monde sait que les premiers mots de la Bible sont : « Au commencement Dieu fit ciel et terre » (Gn 1, 1). La prière la plus usuelle des chrétiens dit : « Notre Père qui es aux cieux », et « que ta volonté soit faite comme au ciel, de même aussi sur terre », donc ciel et terre. Qu'est-ce que nous disons exactement si nous prions ? Et si nous ne prions pas, qu'est-ce que nos voisins qui prient peuvent bien dire (ou ne pas dire), quand ils prononcent ces mots-là ?

J'ai dit « une symbolique » parce que les mots de ciel et terre, dans l’usage que nous en faisons aujourd'hui, sont pris autrement que dans une symbolique. En effet notre structure native de penser en Occident moderne n'est pas de type symbolique. Elle a d'autres articulations qui nous sont nativement familières, alors que la structure de type symbolique réclamerait pour nous, pour essayer de l'entendre, un moment de recul par rapport à ce qui nous paraît évident.

Plutôt qu'un cours qui prétendrait dire des choses sur ciel et terre, je voudrais que nous nous exercions à entendre des symboles fondamentaux en prenant celui-là, mais avec l'intention en même temps d'être introduits dans un mode d'écoute, et donc un mode de parole, qui ne nous est pas familier. Donc nous allons essayer de traverser des textes et non pas simplement de nous informer de façon survolante sur ce que ces termes-là peuvent bien signifier.

 

ange chantant le Gloria

La fermeture de ciel et terre[2].

Le rapport ciel-terre est un rapport qui a malgré tout une histoire. Même si on privilégie la symbolique spatiale, il désigne quelque chose qui se passe. « Le ciel et la terre ne se parlaient plus. » : c'est une expression qui se trouve dans un certain judaïsme contemporain de nos évangiles. Les Juifs disaient : « Le ciel et la terre ne se parlent plus. Depuis la mort du dernier prophète on n'a pas entendu la bat kol » : kol, c'est la voix et la bat kol, c'est la fille de la voix, c'est-à-dire la manifestation de la voix[3]. On n'entend plus la manifestation de la voix, ça ne se parle plus.

L'ouverture mutuelle.

Or l'Évangile commence par l'ouverture mutuelle du ciel et de la terre. Les cieux s'ouvrent chez Mathieu. Chez Marc en plus les cieux se déchirent, ce qui introduit une autre symbolique qui est sans doute celle du voile du Temple qui se déchire du haut en bas, comme chez Mathieu à propos de la mort du Christ : c'est le moment de la manifestation, manifestation d'une unité rompue qui se re-nouvelle, qui se re-prend.

 

I – La symbolique ciel-terre au Baptême (Jn 1 et 3)

 

1) L'ouverture du ciel à la terre chez Jean, chapitres 1 et 3.

La question qui est intéressante pour nous puisque nous étudions le Prologue, c'est de voir comment tous les éléments du Baptême ou seulement certains, sont déployés dans le chapitre 1 dès le verset 19, même au-delà des deux épisodes que nous avons lus en détail, et ensuite jusqu'au donné résiduel ou ajouté qui se trouve dans les versets que nous lisions tout à l'heure à la fin du chapitre 3.

Nous verrons que Jacob est assumé dans la perspective d'une ouverture des cieux. Dans les Synoptiques les cieux s'ouvrent au Baptême, et il n'en est pas question chez saint Jean dans le passage qui parle explicitement du Baptême, mais en fait ça se trouve au chapitre 3.

Au chapitre 1 :

  • La symbolique ciel-terre n'est apparemment pas développée dans le chapitre 1 bien qu'elle soit majeure dans le rapport de la voix du ciel et de la voix de la terre lors du Baptême de Jésus. Le mot « voix du ciel » n'est même pas prononcé.
  • La symbolique ciel-terre est d'abord annoncée avec l'échelle de Jacob à la fin du chapitre 1 : le ciel s'ouvre, et cette échelle se pose sur la terre dans le monter et le descendre, le venir et l'aller.

Et la symbolique du ciel et de la terre régit tout le chapitre 3 :

  • Vous avez cette réalité axiale qui est reprise dans l'élévation sur le bois du serpent d'airain au chapitre 3. Cela paraît bizarre et sans rapport. Pas du tout.
  • le thème de ce qui est en haut et de ce qui est en bas (par exemple le ciel et la terre) se trouve à la fin du chapitre 3.

 

Les Testimonia.

Que font les premiers chrétiens ? Ils recueillent des bribes d'Ancien Testament autour de thèmes symboliques, ce qu'on appelle des testimonia. Par exemple ils font des recueils autour du bois (à cause de la croix), autour de la pierre, autour de l'eau (là il y a des collections) et puis ils puisent là-dedans pour la méditation.

Dans le recueil autour du bois se trouvent deux choses qui sont reprises par Jean :

– l'épisode du serpent à propos de l'élévation sur le bois : cet élément se trouve au chapitre 3 de Jean après le dialogue avec Nicodème.

– le thème de ce qui est en haut et de ce qui est en bas (par exemple le ciel et la terre) : c'est repris à la fin de ce chapitre 3.

Voyez comment nous avons ici une sorte de matériau traditionnel qui est retravaillé, qui est disséminé et dont il faut entendre les échos comme le non-dit de ce qui est dit dans notre passage. Vous avez là un champ symbolique de significations duquel il faut s'approcher pour entendre le texte à partir du champ d'où il parle.

 

2) Au Baptême de Jésus.

a) Jean-Baptiste comme "voix", Jn 1, 19-23.

On a d'abord une première scène d'identification prend l'allure, fréquente dans les évangiles, d'une légation qui est envoyée pour poser la question : « Toi, qui donc es-tu ? » On trouve cela à plusieurs reprises, et même Jésus le suscite parfois : « Qui dites-vous que je suis ? » Ici c'est une légation qui vient s'enquérir

« 19Et voici quel fut le témoignage de Jean lorsque, de Jérusalem, les Juifs envoyèrent vers lui des prêtres et des lévites pour lui poser la question : "Qui es-tu ?" 20Il fit une déclaration sans restriction, il déclara : "Je ne suis pas le Christ." 21Et ils lui demandèrent : "Qui es-tu ? Es-tu Élie ?" Il répondit : "Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète ?" Il répondit : "Non".  22Ils lui dirent alors : "Qui es-tu ? Que nous apportions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ! Que dis-tu de toi-même ?" 23Il affirma : "Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme l'a dit le prophète Ésaïe."»

Le mot essentiel est le mot "voix", et là Jean puise dans le fond commun traditionnel : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : “Préparez le chemin...” » (v. 23). Cette citation se retrouve aussi dans les synoptiques et fait référence à Isaïe 40, 3.

b) Ce que dit Jean-Baptiste à propos de Jésus.

« 29Le lendemain, il voit Jésus qui vient vers lui et il dit : “Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. 30C'est de lui que j'ai dit : "Après moi vient un homme qui m'a devancé, parce que, avant moi, il était."»

La voix du ciel, nous la connaissons par les évangiles synoptiques : «  Et des cieux vint une voix : "Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir." » (Mc 1, 11), et nous allons la retrouver au verset 34 dans la bouche du Baptiste. Le Baptiste, lui, dit : «  Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »

c) La "voix du ciel" dans la bouche du témoin Jean-Baptiste.

Nous verrons que Jean est "la voix de la terre" par opposition à "la voix du ciel", ce n'est pas encore dans notre texte. Mais il faut bien comprendre que "être de la terre" ne veut pas dire être de l'initiative humaine : être de la terre c'est avoir reçu le don d'être la voix de la terre.

En effet on lui a donné des indices, nous allons le voir.

 « 31Et moi je ne le connaissais pas. Mais afin qu'il soit manifesté à Israël, je suis venu, moi, baptisant dans l'eau.  – Et voici le "témoignage" de Jean à propos du Baptême lui-même.  – 32Jean témoigna disant : « J'ai contemplé le pneuma descendant comme une colombe du ciel et reposant sur lui, 33et moi je ne le connaissais pas. Celui qui m'a envoyé baptiser – donc il est voix de la terre, nous le verrons, mais voix mandatée du haut du ciel – dans l'eau celui-là m'a dit : “Celui sur qui tu verras le pneuma descendant et demeurant sur lui, celui-ci est celui qui baptise dans le Pneuma Sacré." 34Et moi j'ai vu et j'ai témoigné que celui-ci est le Fils de Dieu.” »

Dans cette scénographie on n'a donc pas la voix qui dit « Tu es mon Fils ».Quelle est la caractéristique de la scène du Baptême dans l'évangile de Jean ? Ce n'est pas Jean l'évangéliste qui la raconte, mais elle est dans la bouche de celui qui est mandaté pour "témoigner" de la scénographie du Baptême. Nous avons entendu que chez Marc, c'est Jésus qui voit le pneuma descendant : « Et aussitôt remontant hors de l'eau il vit les cieux se déchirer et le pneuma comme une colombe descendant vers lui » (v.10). Ici Jean l'évangéliste fait témoigner le Baptiste, lui fait réciter son expérience, expérience pour laquelle il est mandaté. C'est ce qui est en question ici.

Et l'expression « Celui-ci est le Fils de Dieu » est dans la bouche du Baptiste. Donc ce que dit la voix du ciel (« Tu es mon Fils ») lors du Baptême est recueilli par le Baptiste, et témoigné dans sa bouche : « J'ai vu et j'ai témoigné que celui-ci est le Fils de Dieu » (v. 34).

c) Voix du ciel et voix de la terre.

Phônê (la voix), ce mot est prononcé deux fois lors du Baptême du Christ, une fois à propos du ciel, une fois à propos de la terre. Ciel et terre deviennent les témoins. Or il faut deux témoins. En effet chez saint Jean le témoignage est la constitution même de la vérité : « Et dans votre loi il est écrit que le témoignage de deux hommes est vrai » (Jn 8, 17). C'est une expression du Deutéronome : « C'est seulement sur la déposition de deux ou de trois témoins qu'on le mettra à mort, les déclarations d'un seul témoin ne suffiront pas pour cela. » (Dt 17,6), qui est repensée et méditée à propos de la vérité.

Ici c'est donc l'entrecroisement de la voix du ciel et de la terre qui constitue la vérité de l'avènement, du venir ou de l'événement qui est le Baptême du Christ.

La voix du ciel dit « Tu es mon Fils », et la voix de la terre dit : « Voici l'agneau de Dieu qui lève le péché du monde ». Puisque le témoignage du ciel et le témoignage de la terre doivent être concordants, il faut qu'ils disent la même chose. Apparemment ce n'est pas le cas. Mais il se pourrait bien que si, et nous aurons pour tâche de le montrer[4].

 

2) L'échelle de Jacob en Jn 1, 51.

Quand Jésus dit à Nathanaël : « Tu verras de plus grandes choses […] Amen, amen, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'homme » (v. 50-51), c'est bien sûr une référence à l'échelle de Jacob.

► Qu'est-ce que c'est que ces anges qui montent et qui descendent ?

J-M M : Je ne vais pas dire grand-chose car ce serait trop long. Il y a la question des anges et aussi la question de monter et descendre "sur le Fils de l'homme". Le Fils de l'homme est donc ici d'une certaine manière l'échelle. En effet le Fils de l'homme, l'homme, est cette axialité entre ciel et terre.

Les anges ont eu beaucoup de significations. On peut faire l'histoire des anges, c'est très complexe et très intéressant. Apparemment c'est quelque chose qui est dérisoire, qui n'intéresse pas, mais en tant que c'est révélateur de modes de pensée, ce serait infiniment précieux de faire l'histoire des anges. Ici, dans le moment où nous sommes dans le texte, il semble que les anges soient des fragments du Logos en ce qu'ils disent au pluriel le message que le Logos (la Parole) est dans son entier.

À nouveau on peut se poser la question : est-ce que ce sont des messages ou est-ce que ce sont des messagers ? Autrement dit : est-ce que ce sont des individus ou est-ce que ce sont des dénominations ? Vous ne pouvez pas ne pas poser cette question, elle se pose comme cela pour nous, il faut bien l'envisager premièrement comme elle se pose, quitte à montrer ensuite en quoi elle est inepte, au bénéfice de quelque chose d'autre.

 

3) Le serpent d'airain Jn 3, 13-17[5].

« 13 Nul n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'Homme. 14 Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi il faut que soit élevé le Fils de l'Homme 15pour que quiconque croit en lui ait vie éternelle 16Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Monogène, en sorte que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait vie éternelle 17 Car Dieu n'a pas envoyé son Fils vers le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que par lui le monde soit sauf.»

a) L'axe ciel-terre.

« Nul n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel. » Il est question ici du ciel et de la terre comme l'indiquait d'ailleurs le verset qui précède notre texte : « Si je vous dis les choses terrestres et que vous ne croyez pas, comment si je vous dis les choses célestes croirez-vous ? »

Ce qui tient le rapport du haut et du bas, du ciel et de la terre, la bi-polarité de toute chose et de tout être, c'est un axe, qui fut figuré sous la figure de l'échelle de Jacob, puis sous la figure du serpent d'airain exalté sur le bois, qui sera figuré par la croix du Christ. Seulement, ce qui est dit de cette axialité, de cette circulation, du rapport ciel-terre, du bon rapport de la bipolarité constitutive de toute chose, c'est très précisément que ça monte et ça descend, et que ça monte du même coup que ça descend[6].

b) Le Fils de l'homme.

“Sur le Fils de l'homme” : le Fils de l'homme est ainsi le chemin montant et descendant du ciel à la terre. Le “fils de l'homme” ne signifie pas que Jésus est un homme. Il est un homme, mais l'expression ne signifie pas que Jésus est un homme parmi les hommes. Il y a deux choses pour comprendre cette expression ici :

– "fils de l'homme" est une expression qui est prise au prophète Daniel : « Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur tes nuées vint comme un Fils d’homme (….) Et il lui fut donné domination, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. » (Dn 7, 13-14) ;

– "fils de" est une expression qui veut dire "manifestation de", comme le fils est la manifestation de la semence du père. Donc le Fils de l'homme est la manifestation de l'Homme, la manifestation de l'homme primordial qui est aussi la manifestation du Père.

L'expression le Fils de l'homme”dirait plutôt la divinité de Jésus que son humanité : c'est l'Homme qui descend du ciel. Et Homme est une des dénominations de Dieu lui-même, ce qui ne veut pas dire du tout que Dieu a la nature humaine. Il n'est pas un homme parmi les hommes, il est l'Homme. Parmi ses différents titres, Jésus est “Homme” de toute éternité, mais pas un homme. De même qu'il est Parole de toute éternité, il n'est pas une parole, un discours. Il est Logos et il est Homme. Et ce qui vient est le Fils, c'est-à-dire la manifestation de cet aspect de Dieu qui est son humanité.

c) L'ouverture du ciel à la terre.

Il me semble que l'icône du texte ou peut-être même l'icône de l'icône, c'est-à-dire l'épure du texte devant laquelle il importe de se poser pour entendre le texte dans son lieu, c'est le rapport du ciel et de la terre. Elle est initiale dans un double sens : à la mesure où la Genèse, qui est ressaisie dans l'ensemble de ce texte, pose dans l'arkhê (dans le commencement, au principe) que Dieu fait ciel et terre, et à la mesure où l'initiale de l'Évangile est l'ouverture du ciel et de la terre dans le thème du baptême du Christ, dès le début.

À ce propos, il faut savoir que ciel et terre ne disent pas ce qu'ils disent spontanément chez nous. Il y a un travail à accomplir : si j'ai commencé à dire qu'il fallait nous poser devant cette icône, le travail consiste sans doute à s'assimiler à l'icône de sorte qu'elle ne soit plus devant nous, et que ciel et terre soient en nous. C'est à ce titre qu'une lecture est un événement, qu'une méditation n'est pas un discours sur un texte, mais que le texte a quelque chance de s'incorporer. C'est la méditation proprement dite.

Saint Jean a dénoncé la capacité d'entendre de Nicodème. Il a été dit ensuite d'une façon plus générale : « Vous ne recevez pas notre témoignage » (v. 11). Et cela s'est précisé sous la forme : « Si je vous dis des choses terrestres vous n'entendez pas, comment, si je vous dis des choses célestes, croirez-vous ? » (v. 13). Ce n'est pas la première fois que nous entendons ce genre de choses chez saint Jean, sous une forme un petit peu différente. Il y avait à propos de Nathanaël : « Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier tu crois. Tu verras des choses plus grandes. » (Jn 1, 50). Les choses plus grandes, c'est la Résurrection, et nous savons précisément que ce sont les choses célestes. En effet ce que signifie céleste se pense à partir de la Résurrection.

Le rapport du ciel et de la terre – c'est essentiellement cela qui est en question – c'est-à-dire le rapport de la Résurrection et du reste, ce rapport-là est marqué de façon axiale. Il l'était à la fin du chapitre 1 : « Amen amen, je vous dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'homme. » (Jn 1, 51). Le rapport est étroit avec le texte qui nous occupe maintenant : « Et personne n'est monté vers le ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. » (v. 13). Autrement dit c'est l'union précisément, l'ouverture mutuelle de ces deux choses, telle que c'est à partir du ciel que s'entend à nouveau ce que signifie la terre. Nous avons tendance à penser que la terre, c'est ce que nous connaissons bien puisque la terre, c'est là où nous sommes. Pas dans ce texte ! Et cette réalité axiale, c'est le Christ ressuscité comme le ciel qui s'ouvre à la terre comme parole qui nous parle, et qui constitue ainsi ciel et terre dans un rapport vif.

Cette union est figurée dans l'épure par l'échelle de Jacob qui est le Fils de l'homme, avec les anges qui montent et qui descendent, c'est le même thème qu'ici. C'est ainsi que s'introduit tout naturellement dans le verset 14 le thème du serpent qui est essentiellement un thème d'exaltation, c'est-à-dire de constitution de cette réalité axiale.

 

3) Le thème époux / épouse et le thème ciel / terre en Jn 3, 23-31.

« 23Était aussi Jean, baptisant à Aïnôn, près de Salim, parce qu'il y avait là des eaux nombreuses, et ils venaient et ils étaient baptisés. 24Car Jean n'avait pas encore été jeté dans la prison. 25Survint donc un débat entre des disciples de Jean avec un Judéen au sujet de la purification (du baptême). 26Et ils vinrent auprès de Jean et lui dirent : “Rabbi, celui qui était avec toi le long du Jourdain, celui pour qui tu as témoigné, voici que lui baptise et tous viennent vers lui. 27Jean répondit et dit : “Nul ne peut recevoir qui ne lui ait été donné du ciel.” »

« 28 Vous-mêmes vous témoignez de ce que j'ai dit : “Je ne suis pas le Christos, mais j'ai été envoyé au-devant de lui.” 29 Celui qui a l'épouse est l'époux – le Messie (le Christos) est l'époux de l'humanité convoquée (Ekklêsia) chez saint Paul – mais l'ami de l'époux (le garçon d'honneur), qui se tient debout et qui l'écoute, se réjouit de ce qu'il entend la voix de l'époux. Donc la joie qui est la mienne est pleinement accomplie. 30Il faut qu'il croisse et que je diminue. »

Donc Jean est bien "la voix de la terre" par opposition à "la voix du ciel", et on voit ici que "être de la terre" ne veut pas dire "être de l'initiative humaine" : être de la terre c'est avoir reçu le don d'être la voix de la terre (v. 27).

Et on a le thème époux-épouse, thème archiconnu chez Paul. Il se trouve donc explicitement chez saint Jean. Il est placé ici comme principe explicatif de la lecture des Noces de Cana qui précèdent au chapitre 2, et de la Samaritaine qui suit au chapitre 4.

La symbolique époux / épouse qui recouvre la symbolique ciel / terre est de la structure de l'écriture des Noces de Cana. Lors d'une session on lisait les Noces de Cana, ce sont des noces dans laquelle des gens se marient et où Jésus est invité. Et au moment où on travaillait le texte quelqu'un a dit : « Mais finalement les mariés ne sont peut-être pas ceux qu'on croit ! » Effectivement ce texte médite le mariage du Christos et de l'humanité.

De même la Samaritaine, qui est un personnage anonyme puisqu'elle n'a pas de nom propre, est caractérisée dans la symbolique du féminin, et elle désigne une collectivité : en un certain sens ce serait la collectivité des premières communautés chrétiennes de Samarie, mais si on regarde de près le texte, c'est l'humanité dans son entier déploiement : déploiement en nombre et déploiement dans les étapes et dans le temps, depuis la semaille jusqu'à la moisson, thème qui intervient à la fin du récit. La Samaritaine rencontre Jésus au puits, or les patriarches ont tous rencontrés leur épouse au puits, nous avons donc un thème nuptial.

Le thème ciel / terre vient ensuite. « 31Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous, celui qui est de la terre est de la terre et parle à partir de la terre. »

Voilà le principe johannique fondamental : je parle et j'entends d'où je suis. D'où l'importance de la question « D'où je viens ? ». Cela peut être aussi : je suis d'où j'entends et d'où je parle. C'est tout à fait étranger à notre pensée.

 

II – Ciel et terre lors de la naissance de Jésus en Lc 2

 

Le Baptême du Christ n'est pas un lieu neutre, il a une qualité, il est structuré d'une certaine manière, et cette structure est permanente pour toute théophanie du Nouveau Testament.

C'est à tel point que saint Luc, quand il décrit la naissance de Jésus, met en rapport l'anecdote de la naissance et la célébration épiphanique.

« Elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans une mangeoire. » (Lc 2, 7). En soi ceci n'a pas de dimension, c'est une anecdote. Mais aussitôt, pour dire la grandeur inapparente de cet événement, ciel et terre sont convoqués pour dire la dimension de ce qui se passe là, comme ils sont convoqués lors du Baptême du Christ.

 

Les témoins du ciel et les témoins de la terre.

D'une part ciel et terre sont là :

– Nous avons les anges qui sont les habitants du ciel. Et les anges sont habituellement les témoins de toute théophanie. La notion de témoin nous retiendra, d'autant plus que c'est le premier mot qui est dit du Baptiste.

– Nous avons les bergers qui sont les gardiens de la terre.

 

Le Gloria : ciel – homme – terre.

D'autre part une voix du ciel se fait entendre. En effet les théophanies se donnent à voir dans une parole qui dit. La parole est celle-ci :

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix à la terre, aux hommes : eudokia. » (v. 14).

Le mot eudokia veut dire bienveillance, complaisance, agrément mutuel. On traduit habituellement par : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre aux hommes qu'il aime », en considérant que le texte dit : « paix sur la terre aux hommes de l'eudokia » avec deux traductions possibles : ce sont "les hommes de bonne volonté", ou bien "les hommes qui sont l'objet de l'eudokia de Dieu", donc "les hommes qui l'aiment" ou bien "les hommes qu'il aime". Mais je pense que c'est tout simplement « aux hommes : eudokia ».

On a donc un ternaire :

  • le ciel qui est le lieu de la gloire,
  • la terre qui est le lieu de la paix quand elle est en bon rapport avec le ciel,
  • et l'homme qui est l'eudokia (l'agrément mutuel) de cette double polarité céleste et terrestre.

 

 III – Ciel-terre et masculin-féminin à partir des Noces de Cana (Jn 2, 1-11)

 

a) La symbolique des épousailles.

« Faisons l'homme à notre image et semblance… Mâle et femelle il les fit. » Je parle de cela parce que c'est le lieu secret de l'émergence de la symbolique des épousailles. Le Christ ressuscité est le Monogénês (le Fils un et plein) qui est plein de l'Ekklêsia c'est-à-dire de l'humanité convoquée, qui est la femelle du texte de la Genèse.

Par ailleurs si vous mettez l'un sur l'autre « dans l'arkhê Dieu fit ciel et terre » et « en image mâle et femelle il les fit », vous voyez que ça se recoupe exactement. Et c'est la structure de base de toute l'écriture paulinienne. Enfin, toute la thématique qui se développe sur le rapport de Dieu et de son peuple comme époux/épouse se réfère à cela, est ressaisie dans cela. Donc, du même coup, dans la manifestation ressuscitée de Jésus, ce qu'il en est de l'humanité comme l'épousée est en question.

Nous faisons des détours inattendus : nous sommes partis d'un thème et nous trouvons un autre thème de notre texte !

On connaît plus la symbolique époux/épouse chez saint Paul, mais elle est aussi chez saint Jean. Nous la trouvons d'une certaine manière indiquée dans notre texte, elle sera développée davantage dans la Samaritaine, dans la femme adultère et dans Marie-Madeleine, les figures féminines de Jean.

b) Le véritable époux et la véritable épouse.

Tout cela nous oblige à donner une dimension inattendue à cet épisode. Les véritables mariés, c'est Dieu et l'Ekklêsia c'est-à-dire l'humanité convoquée. En effet le texte demande à être lu à partir de ce qu'il est, c'est-à-dire d'être le sêméion (le signe) de la gloire. Qu'est-ce que la gloire ? La gloire c'est le milieu sans quoi le divin n'est pas. Et le milieu sans quoi le divin n'est pas, c'est l'homme, c'est l'humanité : la gloire de Dieu c'est l'humanité accomplie. C'est un vieux thème biblique : dans l'Ancien Testament Dieu est le père de son peuple (le peuple est le Fils de Dieu), mais Dieu est également l'époux de son peuple : Israël est l'épouse de Dieu[7]. De nombreux textes de l'Ancien Testament portent sur ce thème. Il y a un petit opuscule gnostique du IIe siècle intitulé L'Exégèse de l'âme, qui rassemble ces textes et les médite[8].

► Tu dis que c'est Dieu l'époux, mais c'est aussi bien Jésus.

J-M M : Tout à fait. Par exemple, que le Christ soit appelé époux par rapport à l'Église, c'est un thème constant chez saint Paul.

► Est-ce qu'il y a, dans le texte des Noces de Cana, des indices qui permettent de dire que Jésus est l'époux ?

 J-M M : Dans le texte-même ce n'est pas dit. Mais on peut dire cela en raison du thème époux-épouse tel que saint Jean le traite. Ça apparaît explicitement à la fin du chapitre 3 où Jean-Baptiste  dit : «Celui qui a l'épouse est l'époux, mais l'ami de l'époux qui se tient debout et qui l'écoute, se réjouit de ce qu'il entend la voix de l'époux. Donc la joie qui est la mienne est pleinement accomplie. » (Jn 3, 29-30). De plus au chapitre 4, la Samaritaine qui reçoit Jésus représente toute l'humanité. Cela signifie que le rapport de Jésus à ce qui le reçoit est un rapport d'époux à épouse.

C'est tout cela qui permet rétrospectivement d'éclairer ce qui se passe dans le texte des Noces de Cana, en sachant par ailleurs que ce texte a une visée eschatologique : le thème du vin, le thème du banquet… Il y a donc un certain nombre d'indices qui poussent à cette interprétation. Elle est rendue possible par l'intelligence des thématiques mises en œuvre, telles qu'elles sont traitées ailleurs chez saint Jean, éventuellement chez saint Paul aussi, thématiques qui appartiennent au premier christianisme.

3) Ciel/terre ; homme/femme ; haut/bas.

► Vous avez dit que « l'Église c'est l'humanité convoquée ». Est-ce que c'est dans le texte biblique ?

J-M M : On cite souvent, c'est un mot d'Irénée[9]  : « La gloire de Dieu c'est l'homme debout (ou l'homme accompli)», debout c'est-à-dire relevé, ressuscité. Mais c'est tout à fait le sens originel, le sens fondamental.

► Est-ce que ce n'est pas un peu aussi dans les psaumes : la gloire de Dieu c'est quand son peuple témoigne de sa gloire ?

J-M M : Oui, ce n'est pas quelque chose en soi d'inouï, mais des textes comme ceux-là, c'est quelque chose qui est assez étranger à notre écoute spontanée.

Ceci ouvre à une méditation très longue. J'y suis actuellement sur d'autres points parce que c'est la méditation sur le rapport homme / femme qui est la même que la méditation sur le rapport ciel / terre. Or je commente ailleurs un poème de Hölderlin sur la différence du ciel et de la terre[10], et c'est la même question avec une symbolique légèrement décalée. Mais dans notre cosmographie ça n'a pas de sens de dire « ciel et terre », ce ne sont pas deux complémentaires, car la terre est un bout du ciel. Tandis que dans nos textes ciel et terre c'est constitutif comme mâle et femelle, c'est la dénomination des deux premières choses dont l'union est la révélation de ce qui les précède, c'est-à-dire l'homme comme révélation de Dieu.

► Mais le lieu de ciel et terre c'est en nous ?

J-M M : Alors l'autre chose très importante qui est suggérée par ce que tu dis, c'est que « ciel et terre » et « mâle et femelle » ne sont pas des notions cosmogoniques ou biologiques, ce sont des polarités constitutives de tout être. Tout homme est le lieu de réconciliation (ou de divorce) du pôle céleste et du pôle terrestre, ou le lieu de conciliation (ou de divorce) du pôle masculin et du pôle féminin. C'est-à-dire que ciel et terre a à la fois une dimension que nous appellerions, rapidement, cosmique, et une dimension à l'intérieur de ce que nous appelons abusivement un individu (c'est-à-dire un indivisible) alors que nous sommes radicalement divisés dans une polarité unifiante. Ensuite ça prend place dans le rapport à autrui avec la signification du rapport masculin/féminin tel qu'il intervient chez nous. Il faut savoir que purusha et prakriti en Inde, et yin et yang en Chine, ont ces mêmes dimensions. Ce ne sont pas des dénominations sectorielles, l'un de la biologie animale et l'autre de la cosmographie physique spatiale. Ce sont des lieux fondamentaux de méditation. Cela fait plus de 50 ans que je médite ces lieux-là et je suis loin d'y voir clair.

► Le ciel c'est le divin en nous ?

J-M M : C'est trop vite dit, parce que c'est plutôt l'union du ciel et de la terre qui est la révélation du plus divin. L'union du ciel et de la terre en l'homme est l'union de la double polarité en l'homme accompli, et c'est le Christ qui accomplit pleinement cela, et nous, nous participons de cet accomplissement comme la féminité de son être, or il est l'image du Dieu invisible. Donc le Dieu n'est pas localisé au ciel et Jésus-Christ sur la terre !

D'ailleurs il est question du haut et du bas dans le texte des Noces de Cana : « emplir jusqu'en haut ». On pourrait traduire par « emplir à ras bord », mais ce n'est pas intéressant, parce que c'est le mot de "haut" qui est important ici. Or le haut et le bas est un thème johannique abondamment développé, et il a rapport avec monter et descendre.

Quelle est l'essence du venir ?

Qu'est-ce que nous savons du Christ ? Nous ne savons pas d'où il vient ni où il va, mais nous savons qu'il vient et qu'il va, c'est-à-dire qu'il descend et qu'il monte. Qu'est-ce que ça veut dire ? Quand Jésus descend de Cana à Capharnaüm, descendre ça a un sens pour nous, mais quand Jean dit que Jésus descend du ciel, est-ce que Jean parle de la même chose ? Oui, rigoureusement c'est le même, à condition que je ne vois pas les deux à partir de la descente de Cana à Capharnaüm, mais que j'entende les deux (y compris la descente de Cana à Capharnaüm) à partir du venir et descendre essentiel, qui est christique. Il n'y a pas un côté (descendre de Cana à Capharnaüm) qui serait réel, et l'autre qui serait mythique. Nous ne sommes plus dans cette distinction-là. Même ce que nous appelons réel est bien moins réel que la reprise de ce prétendu réel à partir de ce que nous appelons le mythique.

Telle est la méditation sur la question : quelle est l'essence du venir ? Nous sommes, nous autres, tout à fait compromis, puisqu'en Occident nous pensons que la déité est immobile, c'est un des mots fondamentaux d'Aristote, et que tout ce qui est mouvement est sublunaire, est dans les cieux inférieurs. Alors que venir est un des mots essentiels de Dieu, aussi essentiel que le verbe demeurer en saint Jean. Ceci évidemment suppose que nous entendions aussi bien venir que demeurer dans une acception plus méditée que simplement les sens usuels de ces termes-là.

C'est un point qui me préoccupe en ce moment où je médite sur l'unité du demeurer et du venir comme l'unité du Père et du Fils. Pour cela il faut fréquenter les écrits des premiers commentateurs de saint Jean où ces choses-là se trouvent d'une certaine façon. Il est difficile de les lire dedans, mais elles s'y trouvent. Et c'est d'une proximité très grande avec le texte de Jean.

Tout ce que je viens de dire est une petite ouverture.


[1] Cette introduction est extraite du cycle qui a eu lieu au Forum 104 en 2008-2009 sur le thème Ciel-Terre transcrite sur le blog dans le tag CIEL-TERRE. Sur le sens que J-M Martin donne au symbole, on pourra lire Symbole au grand sens distingué de la métaphore et du signe au sens classique. En référence à Jn 6.

Toute la suite (sauf "la fermeture ciel-terre" et "le serpent d'airain") est extraite de la session sur le Prologue de Jean dont la transcription figure sur le blog : de  Chapitre V : Le Baptême de Jésus et la figure du Baptiste pour le I, et de Chapitre II : Théophanies et structure du Prologue pour le II. Il serait bon d'aller voir la transcription complète.

On pourra lire aussi l'article (qui n'est pas d'un accès facile) : Masculin féminin chez saint Paul (Thèmes d'une symbolique).  En effet la symbolique ciel-terre s'échange avec la symbolique mâle-femelle chez Paul. Voici deux extraits : « À titre d'indication provisoire et en dissuadant de tout concordisme, pensons qu'il y va de quelque chose de comparable à ce qu'ailleurs on nomme yin et yang. » ; « Selon le processus de symbolisation le "haut" s'efface comme disjoint et se donne reconnaître dans l'exaltation du  "bas". (C'est le processus inverse de la signification, qui monte d'un préalablement connu à la connaissance d'autre chose). La mort du Christ est symbole en ce que, se donnant lui-même (v. 25-27) il exalte l'humanité comme son corps de gloire. »

[3] Bat Kol, c'est une expression hébraïque qui désigne "la  fille de la Voix" et se réfère aux prophètes d'Israël : depuis la mort du dernier prophète la bat kol s'est tue.

[6] Dans une rencontre sur l'épitre aux Éphésiens J-M Martin disait aussi ceci : « "Il est monté", qu'est-ce (à dire) sinon qu'il est aussi descendu vers les régions inférieures de la terre. » (Ep 3, 9) Monter et descendre ne dit pas un fait historique mais désigne premièrement la réalité de l'espace spirituel dont le premier christianisme prend conscience en sachant que cet espace est mesuré à la dimension de son principe qui est le Christ qui le parcourt. C'est peut-être pour cela que la première attestation de tout le discours chrétien, c'est l'extension des bras et la station debout comme attestation de la Résurrection. » (J-M. Martin)

[7] « Être à la fois le Fils et l'épouse, voilà une situation qui est étrangère à nos représentations. Mais aucune importance ici. Ce qui est le deux fondamental est plus archaïque même que ces deux assez premiers que sont pour nous la paternité (la génération) d'une part, et la conjugalité d'autre part. Ces deux dyades (Père/Fils et époux/épouse) qui sont premières dans notre expérience usuelle, sont elles-mêmes précédées d'une dyade sans doute plus essentielle et commune. » (Session Plus on est deux plus on est un, 5ème rencontre : époux/épouse, la Trinité revisitée).

[9] On cite souvent cette phrase de saint Irénée sous la forme : « La gloire de Dieu c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme c'est de voir Dieu. » Contre les Hérésies, livre 4, 20:7.

[10] Il s'agit de la méditation de Heidegger sur un poème de Hölderlin

 

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