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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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27 mai 2014

Le pardon. La réconciliation. Par Régine du Charlat

 

Le pardon

  

Comment pardonner quand on est touché au cœur, véritablement meurtri ?

Il faut peser les mots : il y a du meurtre dans « meurtri » et nous pouvons malheureusement être meurtriers les uns des autres. Le pire est qu’on peut l’être même dans l’amour et pas seulement dans la rivalité, la jalousie et le mensonge. Pardonner, quand il s’agit de contrariété et de dommages, somme toute, peu graves, paraît sinon facile, du moins abordable. Mais quand le mépris ou la violence, parfois dans de toutes petites choses qui frappent au cœur, ont tué la confiance, le goût de vivre et même la capacité de vivre, est-ce possible ? Comment pardonner quand on est frappé à mort ? C’est en allant jusqu’à cette question radicale qu’on pourra découvrir la puissance ressuscitante du pardon.

Reconnaître le pardon comme une nécessité ne va pas de soi. Certaines cultures le considèrent comme une faiblesse. Il y a des personnes qui, devant l’extrême gravité du mal, se refusent à pardonner : comme si le pardon risquait d’être une excuse, comme s’il exigeait de renoncer absolument à la révolte.

 

Heureuse, saine et légitime révolte ! Elle se refuse à être complice. Elle s’affirme comme capacité de résistance et dénonciation des puissances de mort. La révolte, même dans la grande douleur, prouve que l’on garde assez d’énergies disponibles pour se défendre et pour vivre. On ne s’installera pas dans la révolte mais on ne se méfiera pas d’elle. La rencontrant sur le chemin, on la traversera pour accéder au pardon.

 

Nous avons besoin du pardon tout simplement parce que nous voulons vivre. Nous avons besoin pour vivre que nos relations humaines soient respectueuses, aimantes et fraternelles. Telle est notre vérité foncière : nous reconnaître enfants du même Père. « Aimez vos ennemis… afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5,44-45) Comment les aimer si nous ne pardonnons pas ?

 

Mais nous butons sur l’impossible. Nous sommes au pied du mur, incapables de faire le pas : trop blessés, trop en colère, trop impuissants. Nous voulons et nous ne pouvons pas. Et puis, celui ou celle à qui nous avons à pardonner ne sait peut-être même pas que, par lui ou par elle, nous avons été meurtris. Pour arriver à pardonner, nous aimerions parler, comprendre et ce n’est pas toujours possible. La mort a parfois installé une irréductible distance. D’ailleurs, ceux qui nous ont blessés sont-ils vraiment responsables ? Le mal qu’ils font subir, est-ce de leur faute ou seulement la conséquence en eux d’un autre mal subi et blessant ? Dans ce cas, pourquoi pardonner si l’autre n’y est pour rien ? Abîme où nous nous épuisons à  tenter de comprendre et de pardonner, sans y parvenir.

 

Consentir à l’impuissance, accepter de ne pouvoir nous ressusciter nous-mêmes. Car le mal appartient à la mort et le pardon à la Résurrection. Même Jésus semble avoir connu cette impuissance, ou au moins le désir de s’en remettre au Père : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23,34).

 

Le pouvoir de pardonner se reçoit comme un don. Renoncer à en être capable par ses seules forces est sans doute le premier pas pour s’ouvrir à ce don. Peut-être l’attendrons-nous longtemps. Peut-être avons-nous besoin qu’il se forge lentement en nous, dans un corps à corps avec les autres, un corps à corps avec Dieu : dans la nuit car « nous ne savons pas ce que nous faisons.»

Renoncer à savoir, à prendre la mesure des responsabilités, des fautes ; renoncer à juger. Espérer la plénitude de la réconciliation. Prier et demander : « Père, pardonne-leur. »

Et quand, par grâce, le pouvoir de pardonner nous est fait, le cueillir comme un fruit de la Résurrection.

 

Régine du Charlat

 

Quatrième de couverture du livre "La réconciliation" de Régine du Charlat

La réconciliation, par Régine du Charlat

Les humains semblent condamnés à vivre déchirés et à s'entre-déchirer. Malheur secret ou drame au grand jour, discrète ou violente, la déchirure s'inscrit dans l'existence intime de chacun et dans ses relations avec les autres. Sans cesse. Elle trouble la vie des sociétés, la paix des nations et même celle des religions. Dans des actes parfois inexpiables.

L'Evangile rompt cette fatalité. Il est message de réconciliation. Essentiellement. Il est traversé par la conviction audacieuse que la réconciliation est offerte et qu'elle doit être force et lumière de vie. Réconciliation offerte par Dieu dans la parole et l'oeuvre de Jésus Christ à chacun jusque dans l'intime de ses insuffisances et fautes. Réconciliation à accueillir d'abord. Et, du même mouvement, réconciliation à vivre, à rayonner. Comment recevoir la réconciliation sans devenir " faiseur de paix " dans la société des hommes ?

Les pages que Régine du Charlat consacre à cette réalité centrale du christianisme sont nourries d'Evangile, marquées par une grande sensibilité aux aspects les plus profonds de l'expérience humaine et une vision dynamique du mystère chrétien. " Laissez-vous réconcilier ", dit saint Paul. C'est à la lumière de cet appel à la fois audacieux et réconfortant qu'elle fait comprendre l'intérêt et le renouveau possible du sacrement de la réconciliation que propose l'Eglise catholique.

Livre paru en octobre 1992, 115 pages..

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